Les Frères Flamingo (1959-1966)
Clermont Doucet ( -1978)
Hervé Doucet (1936-2011)
Venant de la Gaspésie, les frères Clermont et Hervé Doucet forment un duo qui débute en 1959. En vérité, c’est à Amos
que Clermont et Hervé ont eu un jour l’idée de former un duo. C’était, naturellement, un dimanche et ils avaient 16 ans.
Ils demandent à leur père 5.00$ pour l’achat d’une guitare, ils lui jurent qu’ils n’en travailleraient que mieux sur la terre.
Papa accepte de leur faire confiance. À partir de ce moment, les choses se mettent en branle. C’est à la suite d’un premier prix remporté dans un concours d’amateur à Amos qu’ils obtiennent leur premier engagement.
Les deux frères Doucet, du fin fond des petites salles de L’Abitibi, avaient déjà un œil sur Montréal. En quelques mois, ils montèrent un répertoire qui a conquis d’emblée le public du Café Minuit, à Montréal, et, par la suite, on pouvait les voir et les entendre à la télé dans le cadre d’émissions de variétés telles que Music-Hall et La Porte St-Louis. Le type de spectacle que les frères développent est directement dans la veine des fantaisistes, c’est-à-dire dans l’interprétation de succès de l’heure, d’imitations et de sketchs humoristiques. La directrice d’un petit hôtel d’Amos les engage pour un modeste cachet, pour ne pas dire un cachet symbolique, comme elle disait c’était “pour leur faire plaisir ». Au début, ils se produisent sous le nom des Frères Doucet mais très rapidement ils changent de nom pour Les Frères Flamingo , ou en anglais, Les Flamingo Brothers. Le propriétaire du dancing voisin, lui, ne voyait pas les choses de la même manière. Il les embauche, mais pour plaire à sa clientèle. Ulcérée, celle qui se considérait désormais comme leur marraine revient à la charge et c’est ainsi que pendant quatre mois Clermont et Hervé bénéficient du jeu fameux de la concurrence : à chaque changement leur cachet augmentait de $5 dollars ... !
Après avoir rodé leur numéro au Café Minuit, sous l'œil attentif de leur gérant Charlemagne Landry, ils sont prêts à affronter de nouveaux auditoires. Ils prennent l'affiche au Bal Tabarin de Québec.
En 1959, Les Frères Flamingo lancent leur premier simple chez RCA. Ils y placent une composition rock’n’roll intitulée Mon américaine. C’est un fait remarquable puisque les compositions originales ne sont pas encore monnaie commune à cette époque, et celles dans le style rock’n’roll, en français, sont encore plus rares.
Le nouveau duo continue de faire parler de lui. Ce duo est l’un des rares duos de bon goût et le public les adore. Les critiques sont élogieuses à leur endroit “Les Frères Flamingo possèdent le talents pour une brillante carrière mais ils devront faire un choix judicieux de leurs interprétations“.
Durant la première moitié des années 60, les frères signent avec la maison de disques Rusticana, dont le propriétaire est Roger Miron, pour huit simples (45 tours). Ils enregistrent leur seul microsillon (33 tours). Leur répertoire varie entre des reprises de succès, des chansons comiques, des chansons folkloriques, des ballades, mais aussi des compositions originales à la mode yéyé!
Avec Les Jérolas, ils se classeront parmi les duos les plus populaires des années 60 et ils œuvrent surtout dans la région de Québec. C’est surtout dans les cabarets que leur carrière connaît du succès.
Au début de l’année 1960, Frédo Gardoni, (chef d’orchestre, accordéoniste musette) ira voir le spectacle des Frères Flamingo et dira d’eux « ces deux Canadiens, avec le talent qu’ils ont, deviendront célèbres. » Il faut dire que Les Frères Flamingo sont reconnus pour leur rigueur et pour être des bourreaux de travail.
Décembre 1966 c’est la fin des Frères Flamingo. C’est d’un commun accord que la décision est prise. Clermont voulant à tout pris entreprendre une carrière musicale en tant que guitariste et Hervé voulant poursuivre en tant que chanteur fantaisiste. À la même époque Hervé rencontre celle qui était pour devenir son épouse, Charlotte Lapointe. Ensemble ils forment le duo Charlotte et Hervé, duo qui connaîtra une belle carrière au cours des années 1970.
Clermont, de son côté, a moins de chance. Il retourne vivre à Amos. Il entreprend une nouvelle carrière de guitariste sous le nom de Nico. Il se produit dans des petites salles ou son talent est mis en valeur, il est décrit comme un virtuose de la guitare. Il enregistre un album Guitare Concerto Malgré que l’on reconnaît son immense talent de guitariste l’album n’obtient pas le succès escompté. En 1978, Clermont Doucet s’enlève la vie.
La contribution au monde musical québécois de ces deux petits gars d’Amos est malheureusement méconnue, mais si on prend le temps de s’y attarder un peu, on peut se rendre compte qu’ils ont été, à certains égard, des précurseurs dans l’industrie du divertissement au Québec.
Discographie partielle:
Les Fantaisistes Frères Flamingo / Rusticana /CKL-1201 / 1963
Sources:
1959 Radiomonde et Télémonde, 1er août, P. 21
1959 La Patrie du dimanche, 16 août, P. 15
1959 Le Petit Journal, 30 aout, P. 99
1959 Radiomonde et Télémonde, 9 mai, P. 20, Jac Duval
1959 Radiomonde et Télémonde, 6 juin, P. 20, Jac Duval
959 Radiomonde et Télémonde, 22 août, P. 22, Jac Duval
1960 Radiomonde et Télémonde, 23 juillet, P. 14
1960 Le Petit Journal, 14 février, P. 103, Roland Verrette
1960 Radiomonde, 23 juillet, P. 14, Jac Duval
1961 Le Bien Public, 3 novembre, P. 6
1965 Télé-Radiomonde, 1 mai, P. 24, Michel Lecompte
1966 Télé-Radiomonde, 10 septembre, P. 11
1966 La patrie, 11 décembre, P. 62
1967 Le Nouvelliste, 14 avril, P. 8
Rusticana CKL-1201 1963