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Blanchard

Claude Blanchard (1932-2006)

 

Avant de devenir le Claude Blanchard que nous connaissons, Claude Blanchard s’est fait connaître des foules en tant

que danseur et chanteur. 

 

Originaire de Joliette, Claude Blanchard voit le jour le 19 mai 1932.  Ses parents s'établissent à Montréal, coin Amherst

et Ontario, dès ses premières années et c’est ici qu’il apprend les rudiments d’un métier qu’il ne devait plus quitter. 

Rien nelaissait croire que ce garçon né à Joliette et élevé à Montréal allait connaître une aussi longue et florissante

carrière au music-hall, à la télévision et au cinéma. 

 

Son père, Conrad, est décédé il n’avait que trois ans.  Sa mère, Irène, prend charge d'élever seule ses quatre enfants.  Les Blanchard ne sont pas riches.  Les quatre enfants sont toutefois élevés dans l’amour et l’humour et à partir de ce moment-là Claude a toujours répété à sa mère "T'en fais pas la mère, un jour on m'appellera monsieur, un jour je serai riche."  Sa mère est très fière de son Claude et surtout fière de savoir qu’il n'a jamais pensé à gagner de l'argent d'une manière malhonnête.

 

Sa mère lui parle souvent de son père comme s'il avait été un dieu. Elle lui  raconte que c'est lui qui lavait la vaisselle, astiquait les planchers, qu'il lui servait le petit déjeuner au lit.  Il la traitait comme une vraie reine.  Alors pour Claude, il n’est pas question de ternir le nom de son père.  Il veut arriver mais honnêtement, sans bavure, sans que sa mère ne s’inquiète.   

 

Claude Blanchard n’est pas un enfant facile et un jour les femmes de son quartier ont même signé une requête pour l'obliger à déménager.  Il est bagarreur et sa revanche, il la prend souvent avec ses poings. 

 

Il fait ses débuts sur scène à l’âge de quatorze ans, en compagnie de sa sœur Claudette, en participant à des soirées d’amateurs.  Petit à petit, il s'intéresse à la danse à claquettes.  A quinze ans, on le met définitivement à la porte de l'école.  Il  commence à livrer des commandes d'épicerie.  Il gagne 7,50$ par semaine et il en remet 5$ à sa mère.   Avec l’argent qu’il réussit à économiser, il s’inscrit dans une école de danse et de musique.  Il apprend un peu de tout.

 

Monsieur Jean Grimaldi le remarque et lui offre, a seize ou dix-sept ans, d'interpréter le rôle d’un vieux chef de gare, père des personnages joués par  Mme DesMarteaux, Mme Juliette Pétrie et de Manda Parent.  C’est ainsi que tout commence pour Claude Blanchard.  Pendant que « la mère » croit qu’il suit ses cours au Sullivan Business College, Claude joue au théâtre et fait faire ses devoirs par Olivier Guimond et Paul Thériault.  L’un de ses premiers admirateurs est Frank Cotroni, qui habite le même quartier que lui et qui n’a pas encore entamé sa «carrière» de chef de la mafia montréalaise. 

 

En 1947, Claude Blanchard fait partie du duo de danseurs Lucky Boys avec Marcel Miron.  Puis, au milieu des années 1950, il forme un tandem gagnant avec Armande Cyr, ex-épouse du fantaisiste Réal Béland (Ti-Gus) et mère de la chanteuse Pier Béland.  C’est le coup de foudre.  Les deux amoureux décident de quitter la troupe pour se produire ensemble sur scène.  C’est le début du duo Claude et Armande. Plus tard, nous le retrouvons dans la peau d’un chanteur, présentant un numéro fort apprécié, autant dans les différentes villes du Québec qu’à Montréal même, où il remplit aussi les fonctions d’animateur, de maître de cérémonie. 

 

Mais c’est surtout comme amuseur public qu’il triomphe le plus souvent.  Il fait équipe avec les comédiens Paul Desmarteaux, Juliette Pétrie, Olivier Guimond, Paul Thériault (qui fut son premier straight man) et, surtout, Léo Rivest, fidèle compagnon pendant plusieurs années.  Claude Blanchard, malgré son drôle de métier, passe pour un homme sérieux dans la vie.  Il travaille consciencieusement et offre toujours un travail propre et bien préparé: voilà ce qui fait sa réputation.

 

Dans les années 1950, Claude Blanchard est un des rares comédiens à vivre sans télévision.  Son yatch, son auto, sa maison d'été, sa plage, ses motels, il a gagné tout ça au cabaret.  Il en est fier.  Pour lui la réussite s'évalue au montant d'argent que vous gagnez.  Son enfance, il l’a vécu dans le faubourg à m’lasse. 

 

Et puis c’est les débuts au Monument National.  Son cachet passe d 10$ par semaine à 500$.   Il travaille jour et nuit.  Il investit son argent.  En 1962,  Claude n'a pas digéré son enfance passée dans le faubourg à m'Iasse.  Il n'a surtout pas encaissé de voir sa mère travailler 20 heures par jour pour les nourrir.  Aujourd'hui, il prend sa revanche et  il achète un domaine évalué à 150 000$ et il y installera sa mère. 

 

À partir des années 1960 et surtout 1970, Claude Blanchard est un habitué des émissions de télévision du Canal 10.  C’est là qu’il fait la connaissance de Réal Giguère, avec qui il co-anime le fameux talk-show Madame est servie.  Il est élu Monsieur Télévision au gala des Artistes de 1970. C’est à ce moment qu’il prend les commandes de sa propre émission de variété, le Claude Blanchard Show (1970-1974).  Apparaît alors le Claude Blanchard "crooner", celui qui apprécie les cocktails et les jolies demoiselles.  Cette image restera ancrée dans l’imaginaire collectif jusqu'à sa mort.  Ed Sullivan l’invite à participer à son émission de variétés enregistrée exceptionnellement à Terre des Hommes dans le cadre d’Expo '67.  À cette époque, il crée le personnage de Nestor, une sorte d’enfant terrible sympathique à qui l’on doit les grands succès C’est-y assez fort et Chu d’bonne humeur. 

 

En juin 1972, la famille Blanchard subit une terrible épreuve.  Stéphane, son jeune fils de six ans,  s’inflige des brûlures au troisième  degré.  Le frère de Claude Blanchard, en tentant de porter secours à la petite victime, fut, lui aussi, brûlé aux mains.  Le petit garçon du avoir une greffe d’épiderme.

 

En 1974, son émission Le Claude Blanchard Show est retirée des ondes.  Après une absence de quatre ans, 1974 à 1978,  à la télévision, Claude Blanchard revient dans une nouvelle série.  Présentée sur le réseau de la Société Radio-Canada, Chez Denise. “C’était un rôle pour moi car c'est un peu ma vie que j'y acte.  Denise Filiatrault a écrit ses textes d’après son expérience tenant compte du fait qu’elle a tenu un commerce, elle y raconte sa vie qui est semblable à la mienne.” 

 

L’année suivante, pour ceux et celles qui s’ennuient des bonnes vieilles comédies basées sur l’improvisation, le burlesque, peuvent se consoler car Claude Blanchard et Cie reprennent ce genre de spectacles sur la scène du Théâtre Saint-Denis. Claude Blanchard a décidé de ressusciter de tels spectacles. Claude Blanchard et Cie sur scène, ce sont tous les artistes qui font partie du disque "Mort de Rire": Charlotte et Hervé, Roméo Pérusse, Georges Lachance, Manda et Gilles Letarte.  Seul Léo Rivet manque à l’appel. 

 

Claude Blanchard l'acteur jouera dans de nombreux téléromans au cours de sa carrière; En haut de la pente douce (SRC, 1959-1961), Absolvo Te (1962), La Montagne du Hollandais (TVA, 1992-1994), Montréal, ville ouverte (SRC, 1991), Montréal P.Q. (SRC, 1991-1995), Omertà (SRC, 1996-1999) et Virginie (SRC,  1996-2005).  

 

Au sujet de Omertà, Luc Dionne raconte que, dès le début, il a écrit le personnage de Roger Perreault pour Claude Blanchard.  Un jour il  rencontre Claude Blanchard dans un smoke meat pour lui expliquer ce qu’est un shylock.  "Il m’a regardé avec son regard qui a beaucoup vécu et m’a lancé:'' Coudon, toé, es-tu venu au monde à Laval? Penses-tu que j’ai passé toutes ces années dans le showbiz sans savoir c’est quoi un shylock?"

 

Longtemps snobé parce que étiqueté "comédien de cabaret" c’est en 1990 que son talent d’acteur est reconnu.  À la soirée des Gémeaux, il obtient deux trophées, pour sa participation à Blue, la magnifique, téléfilm diffusé à Radio-Québec pour la première fois en février 1990.  Le premier, accordé pour le meilleur acteur dans un téléfilm, attribué par le public, tandis que le deuxième, le Gémeau du meilleur acteur de soutien, venait de L’académie canadienne du cinéma et de la vidéo.  Lorsqu’il va chercher son Gémeau voté par le public, il en profite pour saluer son compagnon de toujours, celui qui fut son partenaire durant trente-six ans Léo Rivest, décédé quelques mois auparavant.  Bizarrement, à la fin du gala, on a rendu un hommage aux disparus, mais on a oublié Léo Rivest.  

 

Tombeur devant l’éternel, Claude Blanchard a toujours apprécié les femmes. Adolescent, il avait une préférence pour les femmes d’âge mûr. "Parfois, le samedi, l’une d’elles venait sonner à ma porte pour m’inviter à son chalet" raconte-t-il dans la biographie que lui a consacrée France Duval en 2003.  "Mais sa mère, furieuse, courait à la porte: "M’a t’en faire un camp moé!". disait-elle. 

 

Claude Blanchard est mort d’un infarctus, à son domicile, le 20 août 2006.  Sa disparition survient quelque quarante-huit heures après celle de Fernand Gignac, avec qui il avait souvent partagé la scène et les plateaux de télévision. 

 

Liste sommaire des artistes avec qui il a travaillé dans des émissions et films, qui sont nommés sur ce site:

 

Berval, Paul: (1962) “Absolvo te”; (1979-1982) “Chez Denise”; (1992)“Madame La Bolduc”. 

Charlebois, Jeanne D’arc: (1992)“Madame La Bolduc”.

Cyr Armande: Rencontre Armande Cyr (Mac et Armande) ex-épouse de Réal Béland,

Desmarteaux, Paul: fin des années 1950 il se produit en compagnie de Paul Desmarteaux (Strait man).

Desrosiers, Jacques:(1979) “Chez Denise”; (1976-1977) “Chère Isabelle”.

Ducharme, Yvan: (1992) “Montréal, ville ouverte”.

Filiatrault Denise: (1980) Le film “Fantastica” ; (1975) le film “Gina” ; (1979-1982) “Chez Denise”; (1992) “Montréal, ville ouverte”; (1989) “Blue la magnifique",

Guimond, Olivier: 1952 Olivier Guimond suggère Blanchard à Jean Grimaldi.

La Poune (Ouellette, Rose): (1976-1977)“Chère Isabelle”. 

Le Père Gédéon:  (1959-1961) “En haut de la pente douce”; (1967-1968) “Chez le père Gédéon”;  (1992) “Madame La Bolduc”,               

Légaré, Ovila:  (1962) “Absolvo te”; (1967-1968 ) “Chez le père Gédéon”.

Pierre Labelle: (1976-1977) “Chère Isabelle” ; (1985-1987) “L'âme soeur".

Les Jérolas/ Jean Lapointe / Jérome Lemay:  (1992) “Montréal, ville ouverte”, 

Michel, Dominique: (1982-1983) série télé “Metro-boulot-dodo"; (1992) série télé "Montréal ville ouverte” ; (1959-1961) “En haut de la pente douce”; (1976-1977) “Chère Isabelle”.

Moreau, Jean-Guy: (1999) “Omertà III, Le dernier des hommes d'honneur”.

Noël, Michel: (1976-1977) “Chère Isabelle” ;(1985-1987) “L'âme soeur”. 

Serge Therriault: (1996) “Omertà, La loi du silence”; (1975)“Gina” ; (1990) “Rafales”.

Rivest, Léo: (1950-1960) collaboration avec Léo Rivest qui dure 25 ans.

Roger Joubert: (1979-1982) "Chez Denise”; (1967-1968) “Chez le père Gédéon”.

 

Dicographie partielle:

 

Claude Blanchard et Léo Rivest, les as du rire …Fais pas ton “smart” / Lero / L742 / 1963

Claude Blanchard et Léo Rivest …ça c’est mourant / Jupiter / JPL 11017 / 1966

Claude Blanchard 19??-19?? Ça c’est mourant ! / Neptune / NEP-6--8 / 1971

Un “party” ben l’fun avec Claude Blanchard / Trans-Canada International / TSF-1441 / 1971

Mort de rire avec Claude Blanchard et Cie / Promo-son / JPA-7517 / 1979

 

Sources:

 

1960 Radiomonde, 29 octobre, P. 17, J.M. Provost

1962 Télé-Radiomonde, 6 octobre, P. 17, Monic Nadeau

1978 Télé-Radiomonde, 3 septembre, P. 14. 15, Christiane Chaillé

1979 Télé-Radiomonde, 1 avril, P. 17

1991 La Tribune, 21 janvier, (PC)

2006  La Presse, 21 août, P. 1 A&S, Mario Girard

C'est au cours de L'émission Claude Blanchard qu'il crée le personnage de Nestor.  La ritournelle "Ch'u d'bonne humeur" est  déclarée Chanson de l'année 1971, au Gala des Artistes.

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Promo-son   JPA-7517      1979

Mort de rire - Claude Blanchard et Cie
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Jupiter   JPL 11017   1966

Ça c'est mourant - Claude Blanchard et Léo Rivest
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Lero  L742     1963

Fais pas ton "smart" - Claude Blanchard et Léo Rivest
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Trans-Canada International  TSF-1441      1971

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L'oncle des états - Claude Blanchard
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Leo Rivest

Léo Rivet (1913-1990)

Léo Rivet est né à Montréal le 2 décembre 1913. Dès son jeune âge, il est attiré par le théâtre, il fait partie de la

troupe Compagnons du Masque, où il se lie d’amitié avec Juliette Huot et bien d’autres.

C’est dans les années 1930 que Léo Rivet débute sa carrière.  Il est le présentateur des spectacles que montaient Henri

Letontal. Peu à peu, Sylvio Samson, promoteur pour plusieurs stades à Montréal, l’engage comme maître de cérémonie. 

Par la suite, vers 1941, il rejoint les rangs de l’armée et, il anime une émission fort populaire sur les ondes du poste

CHLP.  Il travaille son rôle de maître de cérémonie et exploite son côté comique et la facilité avec laquelle il fait rire le public.  Il confie alors à des amis son désir de faire du vaudeville.  On ne lui cache pas la dure réalité de ce projet ambitieux.  Mais comme Léo ne craint pas le travail, ces avertissements sont loin de le décourager.  Plus il y a d'obstacles, plus il fonce.  Sa persévérance, son courage et bien sûr son talent font qu’il se bâtit une belle réputation au sein de la colonie artistique et vis-à-vis le public.

Il est débardeur, marchand de glace, commerçant de fruits . . . Il a fait tous les métiers pour vivre.  Puis il a été chanteur, comédien, animateur, maître de cérémonie, avant d’être, ce qu’on appelle dans le métier, un compère,  un straight-man, le faire-valoir, le souffre douleur.  Dans les années 1950 et 1960, il est le seul du genre.  Il forme des duo avec plusieurs grands comédiens de l’époque: Olivier Guimond père, Olivier Guimond fils, La Poune, Swifty, Wildor et bien sûr Claude Blanchard. Tous les grands comiques qui marquent une époque et dont la plupart laissèrent un nom inoubliable.  Il est alors reconnu et accepté.

Il joue aussi sur la même scène que de grands artistes américains et canadiens tels que Cab Calloway (chef d'orchestre et chanteur de jazz américain), Dick Hames (acteur et chanteur américain) et Jean Sablon, pour ne nommer que ceux-là.

Dans les années 1940  et 1950, on l’entend, entre autres, à la radio à l’antenne de CKVL à l’émission Le Music-Hall du jeudi soir avec Tizoune (Olivier Guimond père), Oswald et plusieurs autres artistes.  Il se débrouille fort bien quand il s’agit de jouer des rôles dramatiques.  Il fait partie de la distribution de plusieurs radio romans et à la télévision on peut le voir occasionnellement dans la Famille Plouffe. 

Léo Rivet est nommé, en 1953, directeur de l’association nationale de A.G.V.A (Américain Guild of Variety Artists) organisme ou syndicat américain qui contrôle la destinée des artistes de variétés du Canada.  C’est le premier canadien français à faire partie du bureau central de direction à New-York.  Le Canada n’y est pas représenté depuis six ans.

Au mois de février 1962, Télé-Métropole, le canal 10, ouvre ses portes.  Un des réalisateurs de l’époque, Jean Claveau, l’invite à venir faire un sketch dans  une émission et, pour Léo Rivest, c’est un peu la consécration.  La popularité de Léo Rivet s’est accentuée avec celle de Télé-Métropole.  En ce sens, la télévision privée, comme elle l’a fait pour tant d’autres, l’aura définitivement sortie de l’ombre.  En 1963 la réflexion de Léo Rivet sur Radio-Canada et Télé Métropole est la suivante: “Envers nous, ces gens ont une attitude de snobisme, pour ne pas dire de mépris.  Notre école ne fut pas celle du conservatoire mais de la “main”. Ils ont mis du temps avant d’admettre les Olivier Guimond, Juliette Pétrie, Claude Blanchard, Georges Leduc et très peu d’autres. Envers ce snobisme, notre plus grande revanche nous est toujours venue du public, le public qui nous aime et ne nous a  jamais abandonnés, loin de là. En ce qui me concerne, seule Télé-Métropole m’a aidé à faire une nouvelle carrière, une carrière qui me remplit de satisfaction.”

Il se souvient d’une remarque que le comédien Jean Duceppe lui avait faite, un soir qu’il était venu le voir jouer au National et, dans les coulisses, Duceppe s’empressa de féliciter toute la troupe, à peu près en ces termes : “Votre public est la classe ouvrière, le plus beau, le plus sincère, le plus spontané de tous et vous jouez “ad lib” (sans textes), durant des heures, avec un timing que n’auront jamais les plus grands comédiens qui ne pourront jamais accomplir un tel exploit.”.

En juin 1969, quelques heures avant le Gala des Artistes, Léo Rivet est hospitalisé à la suite d’une hémorragie nasale qui s’est produite alors qu’il donne un spectacle à la Casa Loma.  Au moment de la présentation des trophées, il est alité et quelle ne fut pas sa surprise de voir,  à la télévision, qu’on lui remettait un Méritas pour l'ensemble de son travail dans le domaine du spectacle.  C’est la première fois en trente huit ans de métier qu’on lui rend hommage d’une aussi spectaculaire façon. Il est à ce point ému qu’il quitte l’hôpital et se rend au Bal de Nuit pour fêter avec ses amis artistes.

En 1978, Léo Rivet prend une grande décision.  Le duo Blanchard-Rivet, c’est terminé; il n’est plus question pour lui de refaire du cabaret.  Il se consacre exclusivement au théâtre et il s’y trouve très heureux.  Évidemment c’est un changement, mais il faut cependant dire que ce n’est pas du théâtre classique, mais bien de la comédie burlesque et musicale.  C’est au Théâtre des Variétés, avec Gilles Latulippe, qu’il redécouvre les joies de la scène.  Pendant six semaines, il partage la scène avec Gilles Latulippe, Michel Noël, Manda et plusieurs autres et ce, sept soirs par semaine, quarante-deux représentations sans interruption.  Il devient un régulier du Théâtre des Variétés.

En 1985, on inaugure la Maison des Artistes.  Ce projet vieux de quarante ans est enfin une réalité sur le boulevard Rosemont, dans l'est de Montréal.  L'édifice de 78 logements est en bonne partie érigé.  Depuis le début de l'été, la Maison des Artistes est devenue un lieu vivant puisque 40 logements sont maintenant occupés.  C’est Léo Rivest, maintenant âgé de soixante-douze ans, qui en est le premier occupant.  Il se qualifie de pionnier puisque les travaux n'étaient pas encore complétés.  Ironie du sort, il ne croyait absolument pas, il y a quelques années, en ce projet; “on avait déjà tenté une expérience semblable en banlieue de New York, mais cela s'est terminé par un échec. La chicane s'était mise là-dedans, certains artistes ne pouvaient pas vivre sous un même toit.”.  Léo Rivest qui n'a pas perdu le sens de l'humour fait remarquer que le numéro correspondant à son appartement est identique à celui du terrain qu'il a acheté au Cimetière de l’Est en prévision d’une inhumation future.

Pendant près de soixante ans, Léo Rivet aura été actif dans le monde des variétés.  Il apparaît régulièrement à l’émission Les démons du midi à la fin des années 1980.  C’est d’ailleurs dans le cadre de cette émission, à l’occasion de la Fête des mères, que Léo Rivet a fait ce qui devait devenir son dernier tour de piste.  Il décède de complications liées au diabète, le 24 mai 1990 à l’âge de soixante-seize ans.

Liste sommaire des émissions et des films ainsi que les artistes avec qui il a travaillé, qui sont nommés dans ce site :

Berval, Paul: (1970-1978) “Les Berger”.
Blanchard, Claude: (1950-1960) collaboration avec Léo Rivest qui dure 25 ans.
Desmarteaux, Paul: 1970-1978) “Les Berger”, (1970-1977) “Symphorien”.
Ducharme, Yvan (1970-1978) “Les Berger”, (1982-1985) “Les Moineau et les Pinson”.
Gamache, Marcel: (1970-1977) "Symphorien".
Guimond, Olivier: (1940-1950) strait-man.
La Poune (Ouellette, Rose): (1982-1985) “Les Moineau et les Pinson”.
Latulippe, Gilles: (1970-1977) “Symphorien”.
Pellerin, Gilles: (1970-1977) “Symphorien”.
Sol (Favreau, Marc): (1970-1977) “Symphorien”.
Réal Béland: (1970-1977) “Symphorien”.

Discographie partielle:
 

Claude Blanchard et Léo Rivest, les as du rire …Fais pas ton “smart” / Lero / L742 / 1963

Claude Blanchard et Léo Rivest …ça c’est mourant / Jupiter / JPL 11017 / 1966

Claude Blanchard 19??-19?? Ça c’est mourant ! / Neptune / NEP-6--8 / 1971
Mort de rire avec Claude Blanchard et Cie / Promo-son / JPA-7517 / 1979

Sources:

1962 Radiomonde, 28 avril, P.16, Jean-Marc Provost
1963 Télé-Radiomonde, 23 février, P.13, P.L.
1969 Télé-Radiomonde, 28 juin, P.10,
1978 Télé-Radiomonde, 15 janvier, P. 22. 23
1985 La Presse, 4 août, P. 54, Raymond Bernatchez

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