top of page

Théâtre Gayety  (1012-1930, 1932-1953)

 

La compagnie Canadian Amusement retient les services des architectes Ross & MacFarlane pour la réalisation des plans

d’un nouveau théâtre de 1650 places au début du XXe siècle. Le lieu a été conçu selon les normes du théâtre commercial

de l’époque qui reçoit  tous les spectacles standardisés que New-York produit à la chaîne.  

 

Lundi 26 août 1912, un nouveau théâtre ouvre ses portes à Montréal, à l’angle de Saint-Urbain et Sainte-Catherine,

Le Théâtre Gayety.  Rien n’a été épargné pour assurer le confort aux spectateurs.

 

À l’époque, le théâtre burlesque a conquis  une place prépondérante dans toutes les grandes villes d’Amérique et Montréal ne fait pas exception.  Le Théâtre Gayety devient certainement un des mieux aménagés pour ce genre de spectacles, à Montréal.  Cela est dû, sans aucun doute, aux efforts des troupes tels que Gordon & North, qui n’épargnent ni temps ni argent pour donner des spectacles de grandes qualités. 

 

En 1924, on donne le mandat à Emmanuel Briffa, qui a déjà décoré l’Outremont et le Théâtre Granada, de faire du Gayety l’un des plus luxueux théâtres d’Amérique.  Il y parvient en optant pour une décoration style Louis XlV.

 

Le Théâtre Gayety répond à un réel besoin des amateurs de théâtre montréalais en leur donnant un endroit tout à fait magnifique où l’on présente des spectacles de grandes qualités, et ce, à des prix très raisonnables. 

 

Mais, présenter des spectacles de burlesque à cette époque n’est pas sans risque.  Le journaliste Jean Dollard, du Journal La Croix du 9 février 1924, trouve que le Théâtre Gayety n’est pas très moral.  Qu’attendent les autorités pour agir? 

 

En 1926, malgré que le Théâtre reçoit l’ordre de fermer ses portes , sa licence ayant été révoquée par le comité exécutif,  il continue à donner des représentations.  La licence a été révoquée à la suite de nombreuses plaintes portées par des citoyens.  La révocation de la licence est une grande surprise pour le théâtre, d’autant plus que les plaintes reçues par le chef de police concernent une compagnie qui a donné des représentations au théâtre quelques semaines auparavant.

 

En novembre 1928, le permis du Théâtre Gayety est encore une fois révoqué par le comité exécutif.  Le comité a jugé nécessaire de prendre cette mesure parce que le Gayety donnait des représentations immorales et indécentes.  Cinquante-neuf maisons sont, à la même époque, sur les listes de la police où on y fera des descentes.

 

De 1930 à 1932, la salle devient un cinéma, et son nom change pour Théâtre des Arts.  À ce moment-là la crise cause un arrêt des importations de vaudeville américain, le Théâtre des Arts accueille des troupes françaises. La prohibition aux États-Unis fait en sorte que Montréal devient un lieu de divertissement important en Amérique.  Le théâtre des Arts ne fait pas long feu et laisse sa place au cinéma, qui devient le Mayfair qui projette des films essentiellement de langue anglaise.  Il conserve le nom durant huit ans.  

 

En 1941, l’établissement redevient le Gayety et renoue avec le burlesque, l’humour, la musique et du strip-tease.  Les spectacles des effeuilleuses Peaches, et surtout,  la plus populaire de l’époque, l’américaine Lili St. Cyr, Willis Marie Van Schaack, de son vrai nom.  Elles font si bien leur travail que l’escouade de la moralité ferme l’endroit en 1953.

 

À cette époque, la loi interdit à quiconque de quitter la scène moins habillé qu’à son arrivée... Mais Lili Saint-Cyr contourne cette loi en arrivant sur scène nue dans un bain rempli de bulles placées judicieusement, pour ensuite s’habiller lentement avant de quitter la scène… Les spectacles de Lili St.Cyr comportent des costumes et des éclairages élaborés, comme des thématiques choisies.  Ses performances étaient appréciées et il n’était pas rare d’y retrouver des couples aventureux.  Cette année-là, un caissier se fait un salaire de 60$ par semaine, Lili en gagne 5000$.

 

Pour contourner la loi sur la prohibition qui empêche la vente d’alcool le dimanche, le Gayety ouvre à minuit, le lundi matin.

 

À cette époque, on pouvait aller prendre un repas complet pour 27 sous au Montréal Pool Room, avant de réserver un siège au Gayety pour 35 sous au premier balcon, pour 50 sous au parterre ou pour un dollar dans la loge…

 

À la fermeture par l’escouade de la moralité en 1953, Jean Grimaldi profite de l’occasion pour présenter du burlesque québécois et rebaptise l’endroit Radio City.  La vedette maison sera un certain Olivier Guimond.

 

Grimaldi perd beaucoup d’argent dans l’aventure du Radio-City, ce qui fait qu’en 1956, le théâtre est vendu à Gratien Gélinas, qui entreprend de le rénover en profondeur et lui donne le nom de Comédie-Canadienne.  En 1972, l’immeuble est acquis par le Théâtre du Nouveau-Monde qui s’y installe en permanence et donne son nom à la vénérable salle de spectacles, devenue un des hauts lieux de l’activité théâtrale.



Sources:
 

1912 Le Canada, 17 août, P .9

1912 Le Canada, 27 août, P. 5

1912 Le Canada, 31 août, P. 9

1924 La Croix., 9 février,P. 3, Jean Dollard

1926 La patrie, 2 décembre, P.3

1928 Le devoir, 15 novembre, P. 1

1930 La patrie, 1 février, samedi, P. 39

1997 La presse, 26 avril, P. 2, Jean Beaunoyer

1999 L'itinéraire, Le festival du 8e art P.12, Karen Herland traduit  par Pascale

Galipeau

2010 Le devoir, 10 décembre, P. 1, Caroline Montpetit

Tiré de La rue Sainte-Catherine, Pointe-à-Callière et les Éditions de l’Homme

Théâtre_Gayety_(Montréal).jpg
gayetyjpg_edited.jpg
bottom of page