Oswald
Omer Duranceau (1910- )
Omer Duranceau est né à LaPrairie le 27 août 1910. Il fait ses études préliminaires chez Les Frères des Écoles
chrétienne, ses études classiques au Séminaire de St-Sulpice et ses études de Droit à l’Université de Montréal et, sous
les recommandations de son parrain, va terminer son Droit à l’Université Laval de Québec. Omer Duranceau ne nourrit
pas, à 20 ans du moins, l’ambition de devenir Oswald. Il voulait être avocat.
Déjà il affiche un certain talent d’auteur et possède un bon sens de l’humour. Le soir, Omer aime bien chanter pour ses confrères et pour les jeunes filles. Sa première expérience devant un micro de Montréal lui donne la piqûre. En 1930, il commence sa carrière de chanteur à CKAC tout en poursuivant ses études. On lui confie une émission intitulée La voix nouvelle.
En 1933, il quitte Montréal pour terminer ses études à Québec. Il cumule les fonctions de scripteur et comédien à CHRC à Québec, puis il obtient un poste comme chanteur sur l’émission Yvanoff et ses Tziganes. À cette époque, un chanteur romantique passable obtient la somme de 2$ par émission. Mais on pense que le jeune Duranceau mérite mieux que ça, et on lui donne 5$ pour devenir le soliste de l’émission. Il disposait d’un orchestre de douze musiciens. Un tel orchestre avec un soliste payé autant, ça ne s’était jamais vu. L’émission a du succès, beaucoup de succès. Il y reste jusqu’en 1939.
Lors d’une soirée donnée pour les employés de la station, on découvre une autre facette de Omer Duranceau: celle de raconteur et son sens très personnel de la mimique. Il joue, il mime, il interprète dix personnages différents. Le patron reste bouche bée. Le lendemain matin il appelle Duranceau et l’invite à écrire ses propres textes comiques et les racontés lui-même en y ajoutant quelques chansons. Il écrit ainsi sa première émission de radio Le magasin du père Mathurin. Il joue tous les personnages.
C’est à ce moment que la carrière de Omer Duranceau est véritablement lancée. Le hasard veut qu’en même temps, la maladie le force à manquer ses examens finaux de droit. Il ne les reprendra jamais. C’est à la radio qu’il trouve sa voie.
Il compose des revues et sa troupe se compose d’artistes bien en vue à l’époque: Juliette Béliveau, Denis Drouin, Colette Brassard (qui deviendra Mme Duranceau) et plusieurs autres.
Avec la déclaration de la guerre en 1939, il revient à Montréal. Il lui faut un plus grand champ d’action. Il entre de nouveau au service de CKAC
Le directeur de la programmation de CKAC lui offre d’écrire des textes pour l'émission Les deux commères avec Juliette Huot et Amanda Alarie. L’émission remporte un grand succès, et ce pendant plusieurs années. Le travail est colossal, car il lui faut écrire cinq demi heures de texte par semaine et un texte d’une heure pour le samedi soir. Il passe trois ans à CKAC comme scripteur et réalisateur. Et, de temps temps, il pousse la chansonnette, toujours dans le genre romantique.
De CKAC, il passe à la General Broadcasting et lorsque CKVL fait son apparition, il devient directeur des programmes. En plus de ses fonctions de directeur, il fait encore beaucoup de réalisation, d’interprétation, d’humour et d’imitation. Il est célèbre dans le cercle radiophonique de Montréal pour sa parfaite imitation de la chanteuse d’opéra, Nelly Mathot.
Au début des années 1950, Duranceau se fait connaître sous un nouveau jour avec son célèbre personnage OSWALD. Mais Oswald n’est pas né sous son nom. Avant Oswald, il y a un autre personnage, Adalbert. Adalbert a un peu les mêmes traits de caractères, les mêmes tics et le même accent qu’Oswald. Adalbert est le héros du roman radio Les Amours de Tit Jos à CKAC. Adalbert attire tout de suite l’attention de commanditaires et de l’auditoire par sa pittoresque façon de parler. Adalbert hérite de onze épisodes successifs au lieu des deux prévues. Mais, comme toute bonne chose à une fin et qu’Omer se lasse d’Adalbert, un jour Adalbert est mort. Du même coup Oswald voit le jour. Oswald, c'est un tout jeune homme qui sort du collège, qui trouve que la vie est belle, qu’un rien l’enthousiasme ou l’attriste. Il a une confiance illimitée en lui, mais la plupart du temps, il rate tout ce qu’il entreprend. C’est un bout-en-train, un farceur. Le meilleur compagnon du monde pour des veillées ou des parties.
Il se produit à CKVL dans Les Aventures D’Oswald et devient la vedette de l’émission qui sera en onde pendant dix ans. On le voit également dans des programmes de variétés avec Jacques Normand et Ti-zoune, père. Pourquoi Oswald? Tout simplement parce que ça sonne plus drôle.
Duranceau a chanté à l’opérette et à l’opéra. Le folklore n’a pas de secret pour lui, il chante pendant plus de quatre ans à Radio-Canada est, dans ce domaine il possède répertoire de près de 3000 chansons.
Il a beaucoup de succès avec sa chanson En avant Merche. Près de 60,000 exemplaires ont été vendus. Pour les années 1950, c’était tout un chiffre de ventes.
A partir de 1957, on voit de moins en moins Oswald; mais voilà qu’en janvier 1961, Oswald enregistre un nouveau disque. C’est un 45 tours avec d’un côté une des ces compositions Les Sports et de l’autre une version du succès américainde Johnny Horton Battle of New-Orleans qui devient en français Un frisson. De l’aveu même de Duranceau “Il n’est pas question que je fasse revivre Oswald en spectacle. Peut-être que si le disque se vend bien je consentirais à le faire revivre, mais je n’ai pas le goût de recommencer la vie de cabaret”. Depuis qu’il a laissé mourir Oswald, Omer Duranceau refuse régulièrement des engagements.
Omer Duranceau mène de front une carrière de chanteur à voix qui l’oblige à être de la majorité des émissions de Radio-Canada.
En 1961, il délaisse le métier de chanteur et de fantaisiste pour se consacrer à sa famille
et à son poste de coordinateur des programmes à CKVL.
Discographie partielle:
Chansons comiques avec Oswald / Alouette / ALP.9
Lit-aisons dangereuses / Montagnard / S 14068
Les Sports, Un Frisson (45 tours) / Fleur de Lys / FL-194
Sources:
1949 Radiomonde, 20 août, P. 9
1950 Radiomonde, 1 juillet, P. 15
1951 Radiomonde, 31 mars, P .8
1951 Photo-Journal - tout par l'image, 28 juin, P. 39
1961 Radiomonde 21 janvier, P. 20, Jacques Duval
1970 Télé-Radiomonde, 4 avril, P. 29
Montagnard S14068
Alouette ALP.9