Soeur Edna ( Edna Phillion ) ( 1934- )
Edna Phillion est née en 1934 à Rouyn-Noranda, juste avant que sa famille ne déménage à Timmins, en Ontario. Elle
s’est installée avec sa famille à Amos en 1946. Là-bas, son père, Lucien Phillion, est devenu un pianiste bien connu, un
véritable amuseur public.
Bien qu’elle ait appris le piano avec les Soeurs de l’Assomption, Edna avait, comme son père, la fibre artistique. Dès
l’âge de quinze ans, elle commence à chanter et jouer du piano dans les hôtels d’Amos, particulièrement au Club Dragon.
Ses prestations dans les hôtels lui permettaient d’aider à subvenir aux besoins familiaux. Les Phillion étaient pauvres. C’était sa manière de contribuer.
C’est aussi à cette époque qu’elle rencontre celui qui deviendra son mari et principal comparse musical pour les années à venir, le saxophoniste Réal DesRoberts. Vers 1959, avec le frère d’Edna, Maurice Phillion, batteur, ils forment le Trio Dero avec lequel ils entreprennent une carrière musicale de plus en plus sérieuse, non seulement à travers les hôtels de la région, mais lentement aussi à travers la province.
Ainsi, ils se sont produits sur scène avec de grands noms du show business, dont Carlos Ramírez, Paolo Noël, Olivier Guimond, Doris Lussier, Denise Filiatrault et Alys Roby. Leur carrière les amène partout en province, de Chibougamau jusqu’en Estrie, où le couple va prendre racine vers 1967. À l’Auberge du lac Brompton, notamment, ils partagent la scène avec Olivier Guimond, The Four Lads, Ginette Reno, Nanette Workman, Les Jérolas, Les Milady's et Tex Lecor. "J’ai rencontré des gens formidables, mais la plus grande personnalité qu’il m’ait été donnée de connaître fut sans contredit Juliette Béliveau. C’était une petite puce extraordinaire." Edna décroche ensuite un engagement de quatre ans avec l’orchestre de l’hôtel Flamingo de Sherbrooke. À cette époque, le monde du spectacle connaît un grand succès, inutile de dire que les salles sont toujours remplies à pleine capacité.
C’est en 1970 que le personnage de Soeur Edna voit le jour, alors qu’elle est engagée à l’Auberge des Pins de Deauville, près de Sherbrooke. Une religieuse qui chante des chansons grivoises... Pour ce nouveau concept, la salle de spectacle de l’hôtel est décorée avec des items à connotation religieuse et les serveuses sont déguisées en nonnes. Bienvenue à La retraite de Soeur Edna!
Edna porte aussi le bonnet d’inspiration de la Soeur Volante et monte un spectacle humoristique et musical où la thématique de la religion est au centre des blagues. Ce n’était rien de vulgaire, assure Edna Phillion DesRoberts. Mais il y avait bel et bien des grivoiseries!
Le succès est instantané. De 1970 à 1974, elle donne ses spectacles à l’Auberge des Pins de Deauville. Ses prestations sont tellement populaires qu’elle va carrément en enregistrer une en direct et en faire un disque autoproduit! Aimez-vous les uns les autres.
En 1974, le spectacle est tellement populaire qu’Edna Phillion et Réal DesRoberts achètent l’ancien Hôtel New Magog. Après avoir fait les rénovations qui s'imposent, ils rouvrent l’hôtel qu’ils ont baptisé La retraite de Soeur Edna. Elle a l’idée de faire une soirée cave à vin. De telles soirées n'existent pas dans la région à cette époque; alors elle fonce. Ça fonctionne tellement bien que des touristes viennent de partout dans la région mais surtout assistent à ses spectacles. Petit détail intéressant, il faut se rappeler que Soeur Edna est à la base musicienne, donc, elle ne connaît rien à la comédie. Elle a dû reprendre des blagues du groupe Les Cyniques pour arriver à structurer ce genre de spectacle. C’est à partir de ce moment-là que l'on peut vraiment dire que Soeur Edna devient comédienne. Son nouveau rôle de comédienne, elle ne l’exerce pas seule, son mari Réal collabore au spectacle ainsi que son fils Pierre qui travaille lui aussi sur scène. Ce qui fait que cette aventure est devenue bien vite une entreprise familiale. Un deuxième album live est aussi lancé, enregistré à La retraite.
Parallèlement, à sa vie de cabaret, Edna DesRoberts use de ses talents de pianiste un peu partout. Même que, pendant trois ans, elle est l’accompagnatrice officielle de Soirée Canadienne, animé par Louis Bilodeau. (L'émission, qui a toujours été animée par Louis Bilodeau, a tenu l'affiche pendant vingt-trois saisons, soit de 1960 à 1983.).
En 1984, elle reçoit le prix Alys Robi, prix remis pour le cabaret par excellence au Québec.
Soeur Edna est devenue un personnage public très connu en Estrie, mais le changement de garde dans les bars et hôtels sonne le glas du personnage de Soeur Edna. En 1987, voyant que le spectacle connaît moins de succès et que presque tout l’argent qu’ils gagnent sert à payer les rénovations du vieil hôtel, Edna et Réal décident de vendre leur hôtel et passent à autre chose. L’hôtel est finalement parti en flammes en 1989.
Soeur Edna fait place à Edna Phillion DesRoberts et reprend sa carrière de pianiste, parce qu’à l’instar de son père et de sa sœur, elle est une pianiste de haut niveau. Elle donne dans le style piano-bar à partir de ce moment.
Sa carrière lui permet de rester 14 saisons au prestigieux hôtel Hovey de North Hatley, d'animer les croisières sur le lac Memphrémagog durant le jour, pour ensuite chanter au restaurant L’Étoile-sur-Lac pour son quart de soir, d’être engagée pour six saisons dans un hôtel de Floride et de continuer à donner des spectacles ponctuels ici et là. Elle lance également un autre album de musique au piano au cours de cette période.
Jusqu’à l'âge de 85 ans, Edna demeure très active et participe bénévolement ou sur contrat à toutes sortes d’événements. Elle est également toujours avec son mari, Réal, avec qui elle vit le parfait bonheur.
"Lorsqu’on est musicien , un jour on mange du poulet, et,
le lendemain, les plumes" Edna Phillion DesRoberts
Discographie partielle:
Une Soirée À La Retraite De Soeur Edna / pas de label / PRI-681
“Aimez-vous les uns les autres”..Soeur Edna /Dero/ D1
Sources:
1984 La Tribune, 26 mars, P. D7, Michel Morin
1997 La Tribune, 28 octobre, P. B5, Steve Bergeron
2019 Balado Région zéro 8, 20 mars, Félix B. Desfossés
(ici.radio-canada.ca)
Dero D1