Denis Gobeil (1937-1975)
Natif de Jonquière, Denis Gobeil, imitateur-fantaisiste, fait ses débuts à la fin des années 1950. C’est un ami qui lui
propose un jeu d’animer une émission de radio sur les ondes de CKRS, à Jonquière.
En 1960, à Québec au Cabaret le Baril d'Huîtres il tient la vedette pendant quelques semaines. Raymond Lévesque l’incite
à venir à Montréal. Par la suite, il gagne la confiance de l’auteur-compositeur-interprète Marc Gélinas, qui devient son
meilleur conseiller.
Il fait sa rentrée à Montréal au cabaret La Catastrophe. À l’époque son numéro est composé de blagues tirées de comédies burlesques américaines, d’imitations de personnalités connues autant du monde culturel que politique et d’une satire sur l’actualité. Roger Barbeau, réalisateur à Radio-Canada, l’entendit et l'engage aussitôt comme collaborateur pour son émission Les Couche-tard
Il a devant lui un avenir des plus prometteurs et pour mettre toutes les chances de son côté, il décide, en 1961, d’aller à Paris afin de se perfectionner dans l’art du mime, et il suit des cours sous la direction des plus grands maîtres de cet art. Au sujet de Denis Gobeil, le journal Le Progrès du Saguenay de septembre 1960 écrit “S'il continue à travailler, Denis Gobeil deviendra l’ un des plus grand comique de l'heure dans le domaine du spectacle. A son retour de Paris, tous les grands cabarets voudront sûrement l'engager, il va sans dire que Denis Gobeil a encore une longue route à parcourir avant d ’être consacré vedette, mais avec la volonté et la ténacité qu’on lui connaît, il y parviendra sûrement.”
En 1963, il sort son premier disque Les insolences de Denis Gobeil qui a été enregistré au cabaret La Catastrophe. Les critiques au sujet de ce disque sont mitigées. La critique du journal Le Droit de l’époque est très éloquente: "Denis Gobeil a beaucoup de talent à titre de comique. Ce qui le fait différer de nos autres pseudo-humoristes canadien-français, c’est qu’il sort un peu des sentiers battus. En général, ceux qui se mêlent de nous faire rire ont recours à un procédé qui manque de subtilité. Ils emploient à toutes les sauces le gros comiques de farce qui, convenons-en, n’est pas l’apanage d’une société ayant atteint un certain degré de maturité. Certes, Gobeil ne s’éloigne pas de ce genre, parce qu’il nous sert souvent des blagues dites cochonnes, et par surcroît, très usées, Mais il possède un atout très précieux: il imite des personnalités du monde artistique avec un rare bonheur. qui plus est, c’est dans ses imitations qu’il devient « subtil » en faisant passer ce qu’on pourrait. appeler sa philosophie de la vie et en ayant l’adresse de bien tourner ses boutades."
Mais tout n’est pas rose pour Denis. Tout le monde l’aime mais le vrai succès tarde à venir. Son succès se limite encore au cabaret, les apparitions à la télévision sont rares, son disque n’atteint pas les ventes espérées.
Début 1964 il fait partie d’un spectacle mettant en vedette André Lejeune. Malgré son talent d'imitateur, les critiques, encore eux, le trouvent vulgaire.
Au début de l’année suivante, il ajoute une autre corde à son arc. Il étudie dans le but de devenir dessinateur de mode, si jamais il décide d’abandonner le domaine artistique.
A l’automne 1966, les journaux annoncent le nouveau spectacle de Denis Gobeil comme un nouveau fantaisiste, lui qui fait du spectacle depuis déjà huit ans. On dit même de lui qu’il fera la vie dure au Jacques Desrosiers, Jean-Guy Moreau et Claude Landré. Il veut faire quelque chose de nouveau, de différent de ce que l'on voit habituellement. A propos de ce changement il dit "J’ai enfin compris que dans ce métier, il faut avant tout être sérieux, même si on est un amuseur public". Il change quelque peu son genre. La nouvelle version Gobeil s’apparente surtout au comique français Fernand Raynault. Moins d'imitation, plus de monologues entrecoupés de blagues. C’est un gros changement lui qui était surtout reconnu pour ses imitations.
Denis Gobeil, c'est un fantaisiste imitateur. Il y en a plusieurs, mais il est l'un de ceux qui gagnent à être vus et entendus. On parle de lui comme faisant parti de la même catégorie de fantaisistes qui font des imitations, on parle ici des Jérolas, Jacques Desrosiers et bien d’autres qui glissent dans leur spectacle quelques numéros d’imitation. Denis Gobeil est du nombre. Malheureusement, Gobeil est moins connu et ce malgré le fait qu’il soit dans le métier depuis déjà quelques années.
Au début de l’année 1967, il devient animateur régulier à la station CJMS à Montréal. On pourrait dire que c’est un retour au source compte tenu qu’il avait commencé à Jonquière à la station CKRS. Il continue néanmoins à se produire sur les scènes de différents cabaret dont le cabaret La Catastrophe où il est en vedette régulièrement. Comme les temps changent, le public aussi a changé. Comme il le dit lui-même pour écrire un nouveau numéro cela lui prend, souvent, plusieurs mois il trouve cet exercice très difficile.
Il entreprend une série de spectacles au Théâtre des Variétés avec Gilles Latulippe, Jean Grimaldi et Paul Davis. La vedette principale est Claude Valade.
À la fin des années 1960, à la radio de Radio-Canada, il collabore régulièrement à l’émission de Joël LeBigot Tourlou. En direct de Chicoutimi, cette émission s’amuse à parodier des chansons trop populaires ou qui n’en finissent pas de mourir. Et comme il est indiqué dans la promotion “Tous les deux, fermement décidés uniront leurs efforts pour mettre fin à la popularité de quatre chansons qui semblent avoir la vie un peu trop dure”.
En 1971, contrairement à ce que tout le monde pense, Denis Gobeil n’a pas pris sa retraite du show-business, il travaille régulièrement en province. Mais, après douze ans dans le monde du spectacle où, disons le, il a connu plus souvent de moments difficiles que de bons moments, Gobeil ne croit plus vraiment à ce métier. Il tente, tant bien que mal, de renouveler son spectacle mais, il semble que le public ne soit pas au rendez-vous. Les blagues sont bonnes mais il aurait intérêt à les rajeunir. Les imitations sont excellentes mais le choix des personnages ne sont plus aussi présents dans l’actualité, ce qui fait que les jeunes ne les connaissent pas.
Raymond Lévesque, celui-là même qui avait incité Gobeil à venir à Montréal, pour sa nouvelle revue, est à la recherche d’un comédien pour remplacer Claude Michaud et se tourne alors vers Denis Gobeil. Choix qu’il ne regrette pas. Un message d’intérêt public revue qui tiendra l’affiche pendant quelques semaines à L'Évêché dans le Vieux Montréal.
En janvier !972, Raymond Lévesque présente une deuxième revue à L’Évêché, Québec sait fausser. Denis Gobeil en fait partie.
De 1973 jusqu’en 1975 il est co-animateur à l’émission du matin de Radio-Canada à Chicoutimi.
Denis Gobeil meurt subitement au mois de juin 1975 à l'âge de 38 ans.
Discographie partielle:
Les insolences de Denis Gobeil / Apex / ALF-1558 / 1963
Les catastrophes de l’année / Montagnard / 14018 / 1967
Sources:
1960 Le Progrès du Saguenay -17 septembre, P. 1
1963 Photo-Journal - tout par l'image, 23 novembre, P. 21, Edward Remy
1963 Le Droit, 31 août, P. 11
1963 Télé-Radiomonde 12 octobre, P. 19, Jacques Bélair
1964 Photo-Journal - tout par l'image, 16 mai, P. 17
1965 Télé-Radiomonde, 9 janvier, P. 22, Edmond Côté et Paul Émile Beaulne
1966 Photo-Journal - tout par l'image, 14 décembre, P. 93, Gilles Corbeil et
Roger Lamoureux
1967 Télé-Radiomonde, 10 juin, P. 17
1969 Ici Radio-Canada, 18 octobre, P. 8
1970 Télé-Radiomonde, 10 octobre, P. 10
1971 Le Soleil du Saguenay - Lac-St-Jean, 4 septembre, P. 27, Gilles Paradis
1971 Photo-Journal - tout par l'image, 14 novembre, P. 9, Jean Morin
1972 Télé-Radiomonde, 22 janvier, P. 27
1975 Progrès-Dimanche, 27 avril, p. 67, Pierre Demers
Apex ALF-1558 1963
Montagnard 14018