Jeanne-D’Arc Charlebois ( 1920-2001)
Jeanne D’Arc Charlebois est née dans l’est de Montréal, rue Parthenais, le 23 septembre 1920. Elle n’a que six ans,
quand la famille s'aperçoit qu’elle possède un talent pour les imitations; elle imite à merveille un de ses oncle. Cela lui
permet, un peu plus tard, de gagnerplusieurs concours amateurs et d’obtenir des engagements dans des théâtres et les
cabarets. Elle commence ses classes à St-Henri puis la famille Charlebois va s’installer à Verdun. C’est là qu’elle vit
jusqu’à l’âge de vingt-deux ans. À l'école, elle s’amuse à imiter les artistes del’époque, les religieuses et les petites filles
d’écoles qu’elle trouve drôles.
Poussée par ses copines de classe, et à l'insu de ses parents, c'est là qu’elle se présente à un concours d’amateurs organisé par la station
de télé CHLP. Elle est acceptée, d’autant plus que c'est la première fois qu’ils entendent une jeune fille faire des imitations. Elle
impressionne le jury par ces imitations de Juliette Béliveau, pour qui elle a une admiration sans borne, les personnages de l'émission Nazaire et Barnabé (Ovila Légaré). Elle va même jusqu’à imiter l’animateur du concours Michel Normandin. Mais le clou de sa prestation était l’imitation de Mme Bolduc. Elle gagne le premier prix et un montant de 500$.
Suite à ce concours, elle est en demande un peu partout et c’est sa mère qui l’accompagne au piano. C’est en 1937 que commencent les tournées avec Teddy Burns (Teddy Burns-Goulet fut, des années 1930 aux années 1950, de toutes les troupes de burlesques à Montréal. Il a été le plus grand rival du maître incontesté du burlesque de son époque : Ti-Zoune (Olivier Guimond, père).
Son premier engagement, c’est au Théâtre de Trois-Rivières. Sur le même programme, on peut voir les noms de Mia Riddez, Louis Morisset, Marcel Baulu, Roger Baulu et Arthur Lefebvre. C’est là qu’elle s’est dit qu’elle était vraiment quelqu’un. C’était de grandes vedettes de l’époque et ça représentait pour elle un grand départ .
En 1939, elle participe, bénévolement, à un spectacle d’une organisation juive. Elle est alors remarquée par le MRT (Montreal Reportery Theater) qui monte une revue en anglais. Cette revue est destinée aux militaires basés un peu partout au Canada. Les journaux anglais soulignent la qualité de son spectacle bilingue. C’est la première canadienne française à le faire. Toutes ces revues avec le MRT durent jusqu’en 1946.
Aux débuts de sa carrière, Jeanne D'arc Charlebois avait Roland Bédard (demi-frère de Paul Berval) comme "straight-man". Elle fait également des tournées avec Ovila Légaré, de nombreuses émissions de radio à CKAC comme comédienne, ainsi que des tournées avec Jean Grimaldi. Elle ne chôme pas.
Son premier spectacle dans un cabaret est à Sorel, à 30$ par semaine, deux spectacles par soir, trois le samedi, et il faut qu’elle paye ses dépenses sauf le voyage. Le fait qu’elle peut travailler autant en anglais qu’en français lui vaut une cote très avantageuse dans les cabarets. Les anglais l’adorent.
Au début des années 1950 elle épouse Olivier Guimond. De cette union 2 fils vont naître, Richard et Marc. L’union est toutefois de courte durée. Ils se séparent et Jeanne D’arc s’exile en France avec ses deux fils où elle fait carrière sous le nom de Jeanne Darbois. Pourquoi Jeanne Darbois me direz-vous? C'est à son arrivée en France, en 1954, que Jeanne eut à changer son nom. La comédienne Odette Laure, qui l'y avait fait venir, ne perd pas une minute pour la convaincre de la nécessité du changement. Dans le taxi qui ramène les deux amies de l'aéroport d'orly à Paris, Odette s'exclame: " Cependant ma petite, ici, tu vas changer ton nom. Si tu ne veux pas qu’on t’envoie au bûcher, tu feras bien de ne dire à personne que tu te prénomme Jeanne d’Arc, car ce n’est pas un prénom. Quant à Charlebois, simplifie-le ! C’est trop long pour les affiches." Lorsque le taxi descendit les deux amies devant le grand hôtel Saint-Lazare, Jeanne d’Arc Charlebois était morte; Jeanne Darbois venait de naître. À cause de l'héroïne Jeanne-d'Arc, cette dernière étant devenue une patronne de la France, par respect les femmes ne s'appellent pas Jeanne d'Arc en France. Mme Charlebois, ne voulant offusquer personne, décide donc de changer son nom pour Jeanne d'Arbois
En 1952, au Bellevue-casino, un impresario américain l’a remarqué. Elle signe un contrat pour deux ans aux États-Unis au Théâtre Palace de New-York. Passer au Palace, c’est la consécration américaine. Deux semaines après ses débuts au Palace, elle est invitée au « Ed Sullivan Toast of the Town ». À partir de ce moment c’est le feu roulant. Elle est du spectacle de Ti-Zoune, Juliette Béliveau, Alys Robi, Lucille Dumont, Muriel Millard et bien d'autres.
Grâce au Gouvernement canadien, Jeanne d’Arc part pour le Japon en 1953, en tournée pour les militaires, ainsi qu'en Corée, et aux États-Unis. De retour au Québec, c'est six semaines au Cabaret Chez Gérard, où les plus grandes vedettes internationales étaient engagées, Edith Piaf, Lucienne Boyer, Charles Trenet pour ne nommer que ceux-là. Elle obtient le plus gros cachet qu’un artiste peut décrocher. Jeanne D’arc Charlebois est au Québec une très grande tête d’affiche.
Pour des raisons strictement personnelles en septembre 1955 elle retourne en Europe avec ses deux enfants. Engagée pour 15 jours au cabaret Drap D’or lors de son ouverture, elle y reste six mois mois. Elle côtoie Jacques Brel, Les Quatre Barbus, Les Frères Jacques (qui ont repris la chanson Les fesses de Yvon Deschamps) Philippe Clay, le comédien Gérard Setty. Ses engagements et ses cachet , surtout, montent en flèche.
À Monaco, à l’occasion du mariage de Grace Kelly et du Prince Rainier, en avril 1956, on lui demande de présenter son spectacle. Jeanne Darbois est si contente et si désireuse d’assister à ces cérémonies, qu’elle signe le contrat sans même s’enquérir des conditions de l’engagement! Quelle ne fut pas sa surprise, en lisant le contrat après le départ du chargé d’affaires, de constater qu’on retient ses services pour dix minutes à raison d’un cachet de 600$ et que son transport par avion Paris-Monaco aller-retour serait payé par la Principauté du Prince!
Et puis là ça déboule: à l’Olympia en première partie de Gilbert Bécaud, le Bobino, l’Alhambra, Le Moulin Rouge. D’ailleurs, alors qu’elle fait la première partie du spectacle de Gilbert Bécaud, le directeur du Radio-City Music-Hall de New-York, en vacances à Paris, s’adonne à passer à l’Olympia et lui fait signer un contrat de huit semaines, pour l’automne suivant. Le cachet; 1200$ par semaine! À Paris, c’est une méga star.
Elle se produit dans tous les casinos de la Côte d’Azur. Elle fait la première partie du spectacle de Maurice Chevalier. Puis c’est la Scandinavie, la Suède, le Danemark, la Norvège, la Finlande, la Laponie plus toutes les bases militaires qui existent en Europe, l’Allemagne au grand complet, Turquie, Grèce, Egypte, Algérie. Puis, pas assez de réconforter les soldats canadiens, elle accepte de faire de même pour les soldats français durant onze jours et tout ça bénévolement. À son retour en France elle est reçue par le Président de la République et déjeune à l’Élysée à la même table que le Président. Il y a aussi la Hollande. l'Espagne, l’Italie, l'Australie, la Nouvelle-Zélande. En un mot, l’Europe entière du Nord au Sud et de l’ Est à l'Ouest. Et les Folies Bergère pendant deux ans. C’est vraiment une vedette internationale
En 1971, elle revient à Montréal, mais bizarrement ce n’est qu’en 1975 que sa carrière connaît un rebondissement au Québec. Pendant ces qutre années, ce sont les canadiens anglais qui l’engagent. Nul n’est prophète en son pays.
Jeanne D’arc Charlebois est décédée le 16 septembre 2001 à Saratoga dans l’état de New-York.
Liste sommaire des artistes avec qui elle a travaillé dans des émissions et films, qui sont nommés sur ce site:
Paul Berval: (1992) "Madame La Bolduc"
Claude Blanchard: (1992) "Madame La Bolduc"
Le Père Gédéon: (1992) "Madame La Bolduc"
Discographie partielle:
J’e r’viens ben de la guerre / Carnaval / C-414 1960
Hommage à Madame Bolduc ( Avec Jean Carignan ) / Philo / FL 2014 / 1975
Sources:
1956 Radiomonde et Télémonde, 17 mars, P. 5, André Ruffiange
1957 Radiomonde et Télémonde, 20 juillet, P. 5, Huguette
1976 Télé-Radiomonde, 18 juillet, P. 16. 17, Jocelyne Bergeron
PHILO FL 2014 1975
CARNAVAL C-414 1960
La Bolduc (1894-1941)
"La ligne de vie de notre chanson commence par une explosion qui s’appelle Mary Travers-Bolduc mieux connu
sous le nom de La Bolduc. Ce n’est pas de la chanson bien faite, mais c’est de la chanson qui bouge. C’est la vie
même. La Bolduc prend son inspiration dans le quotidien et tout devient prétexte à chansons."
Avec la Bolduc, naît dans la truculence, la drôlerie, la chanson canadienne. Naissait surtout la première auteure
canadienne-française d’importance.
Fille de Lawrence Travers, d'origine irlandaise, et d'Adeline Cyr, Mary-Rose-Anna Travers, connue comme La Bolduc, auteur-compositeur-interprète et musicienne autodidacte, naît le 24 juin 1894 à Newport, en Gaspésie. Son père lui enseigne très tôt les rudiments des instruments de musique à la mode (accordéon, harmonica, guimbarde, violon et... cuillères).
À l’âge de 12 ans, Mary commence à jouer dans les veillées et les mariages du village. Son répertoire se constitue de mélodies irlandaises provenant du côté paternel et d’airs folkloriques canadiens-français venant de sa mère, formant ainsi le style unique. En Gaspésie, on la considère alors comme une enfant prodige.
En 1907, elle quitte la Gaspésie pour s’installer à Montréal avec sa demi-sœur Mary-Ann. Elle devient une bonne, mais à l’âge de 16 ans, elle trouve un emploi dans une usine.
En 1914, elle rencontre M. Édouard Bolduc, ouvrier et plombier. Elle l’épouse et, à l’usage de l’époque, devient Madame Édouard Bolduc. Elle travaille comme couturière.
La famille déménage à Springfield, dans l’État du Massachusetts, mais les Bolduc retournent à Montréal en 1922.
Elle se fait d'abord remarquer pour ses talents de musicienne, à l'occasion de soirées thématiques connues sous le nom de Veillées du bon vieux temps, au Monument National.
Poussée par les encouragements de ses pairs et la nécessité de rapporter de l'argent à la maison, madame Bolduc enregistre quelques pièces instrumentales et deux chansons qui n'obtiennent que peu de succès.
C'est seulement dans la trentaine, après avoir élevé partiellement sa famille, que madame Bolduc entreprend une carrière dans le domaine du spectacle et de l’enregistrement.
En 1929, elle devient une véritable vedette lorsque son quatrième 78 tours s'avère un double succès. Ses compositions La cuisinière et Johnny Monfarleau en font la sensation de la jeune industrie du disque, juste au moment où celle-ci subit le choc d'une terrible crise économique.
Ses histoires, ses turluttes, ses commentaires sur l'actualité ont le don de dérider le public. On a souvent dit que les chansons de La Bolduc ont été le principal antidote à la déprime collective qui allait frapper la population au cours des années 30. Elle enregistre alors succès après succès et continue d'effectuer des spectacles, non seulement à Montréal et à Québec ou dans les autres centres urbains, mais à la grandeur du Québec, ainsi qu'en Ontario et en Nouvelle-Angleterre où ses tournées sont attendues avec impatience.
Celles-ci se poursuivront inlassablement jusqu'à ce qu'un accident de voiture surviennent en 1937. Alors que sa troupe revenait de Rivière-du-Loup, où elle s’était produite, l’automobile que conduisait Henri Rollin, directeur de la tournée, entre en collision avec un autre véhicule. Mary Bolduc est gravement blessée; elle subit une fracture de la jambe, une fracture du nez et une commotion cérébrale. À l’hôpital de Rimouski, les médecins découvrent une tumeur maligne. Par la suite, sa santé fragile ainsi que les traitements fréquents de radiation reçus à l’Institut du radium de Montréal limite ses activités musicales.
Elle supporte courageusement cette épreuve, reprend la route, et en tire même des thèmes de chansons dont son dernier enregistrement, intitulé Les souffrances de mon accident qu'elle grave en 1939. Quelques années plus tard, cependant, le cancer met un terme définitif à la remarquable carrière de l'auteure-compositeur interprète.
Madame Bolduc meurt le 20 février 1941. Elle n'a que 46 ans. Il est étonnant de constater qu’à l’époque et malgré sa grande popularité, son décès n’a pas été souligné plus qu’il n’en faut. À peine une petite photo et quelques lignes dans la colonne nécrologique de La Tribune du 22 février 1941 et Le petit journal du 2 mars 1941.
En 2016, à l’occasion du 75e anniversaire de son décès, le Ministère de la culture et des communications a procédé à la désignation à titre de personnage historique.
Discographie partielle:
La servante /Regardez donc Mouman / Starr / 15679
Madame Bolduc / Carnaval / C-450 / 1963
La Bolduc chante La Bolduc / Carnaval / C-434 / 1963
Fêtons le Mardi gras Madame Bolduc / Carnaval / c-510 /1967
Swing la baquaise et autres chansons /Carnaval / C-518 /1968
Le petit sauvage du nord / MCA Coral/ CB33024 / 1973
Encore! Encore! La Bolduc / Carnaval / C-464 / 1963
Sources:
1961 La Presse, 9 décembre, P. 3, Jacques Keable
Québec info musique.com
2016 Le Havre.ca 2 mars, P. 2, Alain Lavoie
Carnaval C-510 1967
REEL 14R-4 1973
Carnaval C-518 1968
Starr 15679-A
Carnaval C-464 1963
CARNAVAL C-434 1973
Carnaval C-450
MCA Coral CB33024 1973
Starr 15679-B
London MB 124 1964
Collection André Thériault