Les Jérolas (1955-1974)
Jérôme Lemay (1933-2011)
Jean Lapointe (1935-2022)
Jérôme Lemay
Jérôme Lemay est né à Béarn, village situé dans le Témiscamingue, le 22 août 1933. Il est le dixième enfant d’une
famille de onze. À l’âge de neuf ans, le jeune garçon commence à jouer de la guitare en empruntant en cachette celle de son frère. Ce dernier, s’apercevant de la passion de Jérôme, finit par lui offrir la guitare en cadeau.
À seize ans, en plus de faire partie de l’orchestre familial, qui se produit lors de réceptions dans la région, il devient placier au cinéma Paramount. Au bout d’un an, il devient opérateur, mais cet emploi ne lui convenant pas, il déniche un emploi de camionneur pour le compte d’une boulangerie locale. Grâce à un de ses frères, Jérôme décroche un emploi de releveur de comptes pour la Northern Québec Power.
Parallèlement à cet emploi, le jeune homme anime une émission de radio sur les ondes de CKRN, où il côtoie Pierre Chouinard, Jean Perreault et Maurice Dubois. Ce dernier lui permet de décrocher ses premières auditions professionnelles, en 1954. C’est ainsi que le jeune artiste doit quitter son poste à la Northern Québec Power pour honorer un engagement de trois mois, à Senneterre. Jérôme se produit alors dans les plus grands cabarets de l’Abitibi, avant de se joindre aux Naturels, groupe au sein duquel il fait la connaissance de Raymond Hébert.
Avec lui, Jérôme fonde le duo Jay & Ray, qui obtient un prestigieux contrat au Beaver Café, situé à Montréal. Le duo effectue une tournée de la province. Malheureusement, Raymond doit quitter le groupe et laisse Jérôme sans partenaire. Il décide de poursuivre seul l’aventure sous le nom de Jay Rome.
Jean Lapointe
Jean Lapointe est né le 6 décembre 1935 à Price (Bas Saint-Laurent), sous le nom de Jean-Marie Arthur-Joseph Lapointe, son père, député du comté de Matapédia-Matane, installe sa famille à Québec où le petit Jean grandit. À partir de neuf ans, le jeune garçon apprend le piano. Parallèlement, il étudie à l’école Saint-François-D’Assise et au Séminaire de Québec.
À l’âge de seize ans, il organise des séances d’amateurs à l’école Montcalm, à Québec. Puis il fonde, avec Raymond Pacaud et Jean-Pierre Bédard, le groupe Québécaires, qui se produit dans les régions de Québec et de Rimouski. En 1952, l’artiste participe à un concours organisé par la station de radio CKCV. Il y remporte le premier prix.
Suite à son arrivée à Montréal, en 1954, le jeune chanteur et imitateur se produit sous le nom de Jean Capri au Café Caprice. Après plusieurs engagements dans les principaux cabarets de la métropole et à travers la province, Jean Grimaldi l’engage dans sa troupe qui se produit au Théâtre National.
La rencontre et le début des Jérolas
Un jour de 1955, Jean Lapointe rencontre Gaston Bougie des Tune up Boys, ce dernier informe Jean qu’un certain Jérôme Lemay, chanteur et musicien, est à la recherche d’un partenaire. Jérôme et Jean se rencontrent au cabaret Chez Émile à Québec. Ils décident alors d’unir leur destinée professionnelle et deviennent Les Jérolas. Charlemagne Landry, propriétaire du cabaret Le Café de Minuit et ancien avocat, devient l’imprésario du duo fantaisiste. Le duo obtient l’un de ses premiers engagements à La Barak, et fait la tournée des divers cabarets de la métropole. Dès leurs débuts, c'est le succès. “Ce sont deux jeunes qui devraient beaucoup faire parler d’eux dans les prochaines années”.
En 1956, Les Jérolas partent pour Paris. Il y passent un mois à découvrir les préférences des auditoires français. Leur but était de voir le plus de spectacle possibles, afin d’en retirer une certaine expérience pouvant leur servir dans leur carrière. A Paris, ils n’ont pas perduleur temps. Ils ont rencontré Charles Trenet, Gilbert Bécaud, Philippe Clay et plusieurs autres vedettes. En leur serrant la main, ils étaient un peu timides, étant donné qu’au cours de leur numéro, ils se moquent de ces mêmes vedettes en les imitant. A Paris, ils ont aussi fait la connaissance d’un Canadien dont ils avaient beaucoup entendu parler, mais qu’ils n'avaient jamais rencontré. Il s’agit de Raymond Lévesque. Les trois ont profité de cette prise de contact pour écrire une chanson ensemble. Raymond Lévesque a fait les paroles et Les Jérolas la musique. Elle s’appelle Souhaits.
Suite à leur premier passage à la télévision, à l’émission Music-Hall, animée par Michelle Tisseyre, la firme discographique RCA-Victor leur fait signer un contrat d’enregistrement. Pour leur premier 45 tours, en 1956, Jérôme signe une adaptation française de Love me tender d’Elvis Presley, intitulée L’amour et moi.
En 1957 Les Jérolas effectuent leur premier voyage à Paris, où ils se produisent au cabaret Sa Majesté le Doyen sur les Champs-Élysées. À leur retour, vaste tournée à travers tout le Québec. Toujours en 1957, le duo enregistre Le chemin du paradis, qui connaît un bon succès.
Cabaret après cabaret, disque après disque, engagement après engagement (radio/TV) Les Jérolas force les succès, progresse, polissent leur répertoire et cumulent les Hits. Les Jérolas ne font rien à la légère.
À la fin des années 50, les ensembles fantaisistes sont hyper populaires au Québec et les leaders de cette mouvance sont Les Jérolas, dont la popularité ne fait qu’augmenter depuis 1956. Ce type de spectacle qui allie humour et musique est fortement prisé dans les cabarets de la province qui sont alors les hauts-lieux de la diffusion culturelle.
Les grands succès
En 1959, les fantaisistes enregistrent une chanson de Pierre Pétel, intitulée Yakety Yak. Le 45 tours de cette chanson se vend alors à 70 000 exemplaires.
Jérôme et Jean recrutent alors Jean Rafa pour l’écriture de nouvelles chansons. Par ailleurs, Jérôme participe, en 1960, au quatrième concours de la chanson canadienne avec Un tient vaut mieux que deux tu l’auras. Interprétée par Yolanda Lisi, la chanson termine au cinquième rang et confirme le talent de compositeur de l’artiste. La même année, Les Jérolas obtiennent également le grand prix du disque CKAC.
Puis, le duo endisque ce qui sera leur plus grand succès en carrière. Méo Penché paraît en effet sur 45 tours, en 1961. Plusieurs artistes reprennent la chanson signée par Jérôme, dont Marcel Amont, qui la fait connaître en France. Dans la foulée de ce succès, les fantaisistes lancent leur premier véritable album; Les Jérolas sont là. Enregistré en spectacle, il comprend entre autres Signe ton chèque et Le village de Sainte-Bernadette. Parmi les autres chansons marquantes de 1961, il faut également souligner Mathilda.
Tandis que 25 000 copies de leur album s’écoulent, Les Jérolas se produisent au Café de l’Est. Puis, la télévision fait appel à eux. En 1962, ils animent, en compagnie de Monique Leyrac, En scène les Jérolas. Parallèlement, ils s’associent au pianiste et chef d’orchestre Roland Bourque, qui les accompagnera jusqu’à la fin de leur carrière.
Espoirs internationaux
Novembre 1961, Les Jérolas partent pour quelques semaines aux États-Unis. Ils vont donner un spectacle au Blue Angel de New-York. Malheureusement, quoique le spectacle est formidable, il ne fait l’objet que de très peu de commentaires dans les journaux.
Les Jérolas effectuent leur retour sur scène, à la Comédie Canadienne, en novembre 1965. L’enregistrement du spectacle donne lieu à un nouvel album l’année suivante, ainsi qu’un passage à l’Olympia de Paris. En effet, en 1966, Les Jérolas participent au spectacle Plein feu sur le Canada avec, entre autres, les Feux Follets, Monique Leyrac et Claude Gauthier. Bruno Coquatrix, le directeur de la salle, leur signe même un second contrat la même année, où ils se produisent cette fois en première partie de Claude François.
Sur tous les fronts
Lors du Festival du disque de 1966, le duo est récompensé pour son album Les Jérolas à la Comédie Canadienne. Cette année-là voit également le succès de la chanson Es-tu content ?. Par ailleurs, le cinéma s’intéresse également aux deux fantaisistes. Ils participent au film Yul 871 de Jacques Godbout.
Toujours au sommet de leur popularité, Les Jérolas font la première partie de Charles Aznavour à la Place des Arts, en mai 1968. En novembre 1966, ils y sont en vedette. Parallèlement à leurs activités discographiques et sur scène, Jean et Jérôme enregistrent de nombreuses publicités pour des compagnies aussi diverses que Esso, Coca-Cola ou encore Molson.
En 1969, à l’initiative du Club Richelieu international, ils sont invités à offrir une prestation lors du festival de Cannes. Puis, en 1971, ils retrouvent l’Olympia de Paris, où ils font la première partie de Dalida.
Le début de la fin
À l’été 1972, Radio-Canada confie l’animation de l’émission Tout l’monde joue aux Jérolas. Cependant, malgré les succès, le problème d’alcool de Jean devient de plus en plus présent et cause quelques embarras à Jérôme qui tente, tant bien que mal, de réparer les pots cassés. En octobre 1973, le duo se produit à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.
Puis, Jean Lapointe compose l’hymne du parti libéral, intitulé Je vis dans un pays. Chanson qui ne fait pas
l'hunanimité au sein de l'entourage des Jérolas.
En 1973, Jean commence sa carrière d’acteur en jouant dans le film Les ordres.
Puis, en juillet 1974, Jean Lapointe est malade et le médecin lui a recommandé quatre mois de repos. Comme Jérôme Lemay n’a pas l’intention de rester quatre mois sans travailler, il décide de monter un spectacle solo, en attendant que Jean se rétablisse. Mais, il semble que les chemins vont se séparer. Jean doit encore se reposer et il est très attiré par le cinéma.
Jérôme Lemay publie, en 1983 un ouvrage intitulé; Les Jérolas. Livre où il raconte des anecdotes et des souvenirs sur tout ce que fut l’histoire des Jérolas.
En 1994, Les Jérolas se retrouvent pour un 19e album. Ce disque est né des retrouvailles de Jérôme Lemay et de Jean Lapointe, un an et demi auparavant, lors du téléthon Jean Lapointe. Par la suite, le duo s’est retrouvé sur scène dans le cadre du spectacle de Jean Lapointe, Un dernier coup de balai.
En 2011, les Jérolas amorcent leur retour sur scène. Cependant le retour s'arrête brutalement suite au décès de Jérôme Lemay (20 avril 2011 à Laval ). Jean Lapointe est décédé le 18 novembre 2022 des suites d'une longue maladie.
Liste sommaire des artistes avec qui Jérôme Lemay a travaillé dans des émissions et des films, qui sont nommés sur ce site:
Giguère, Roger: (1992) Le film de Gilles Carle “La Postière”.
Latulippe, Gilles:(1981) “Les Brillant”; (1970) le film "Deux femmes en or ".
Berval, Paul: (1975) le film “The Winner”; (1970) “ Deux femmes en or”.
Deschamps, Yvon: (1970) le film "Deux femmes en or".
Béland, Réal: (1970) “Deux femmes en or”.
Lévesque, Raymond:(1970) “Deux femmes en or”.
Duceppe, Jean: (1966) “YUL 861”.
Normand, Jacques: (1966) “YUL 861”; (1977) “Bye-Bye 1977”.
Desrosiers, Jacques: (1966) “YUL 861”.
La Poune (Ouellette, Rose): (1979) série télé "Les brillant".
Daigneault, Pierre: (1976-1982) "Du tac au tac“.
Filiatrault, Denise: (1977) “Bye-Bye 1977”.
Moreau, Jean-Guy: (1977) “Bye-Bye 1977”.
Liste sommaire des artistes avec qui Jean Lapointe a travaillé dans des émissions et des films, qui sont nommés sur ce site:
Berval, Paul: (1970) le film "Deux femmes en or"; (1971) “Les chats bottés”; (1975) le film “The Winner”;(1980) “Les chiens chauds”.
Latulippe, Gilles: (1970) le film "Deux femmes en or"; (1980) “Les chiens chauds”
Deschamps, Yvon:(1970) le film "Deux femmes en or”.
Béland, Réal; (1970) “Deux femmes en or”;(1971) “Les chats bottés”; (1974) “La pomme, la queue et les pépins”; (1975) “Tout feu, tout femme”;(1980) “Les chiens chauds”.
Lévesque, Raymond: (1970) “Deux femmes en or”;(1975) “Tout feu, tout femme”; (1977) “Ti-Mine, Bernie pis la gang…”.
Filiatrault, Denise: (1974) “Il était une fois dans l’est”; (1992) “Montréal ville ouverte”.
Pérusse, Roméo: (1974) “La pomme, la queue et les pépins”.
Pellerin, Gilles: (1974) "La Pomme, la Queue et les pépins".
Daigneault, Pierre: (1977) “J.A. Martin photographe”; (1978) “Duplessis”.
Thériault, Serge: (1990) “Ding et Dong le film”.
Meunier, Claude: (1990) “Ding et Dong le film”.
Blanchard, Claude: (1992) “Montréal ville ouverte”.
Michel, Dominique: (1992) “Montréal ville ouverte”.
Desrosiers, Jacques: (1966) le film "Yul 871".
Duceppe, Jean: (1966) Le film "Yul 871".
Normand, Jacques: (1966) “Yul 871”.
Desrosiers, Jacques: (1966) “Yul 871”.
Les Cyniques: 1970 ou 1971 Publicité télé de la bière Laurentide avec Les Jérolas.
Plante, Jean-Pierre: Écrit les textes des spectacles des Jérolas.
Discographie partielle:
Les Jérolas / RCA Victor / LCP-1019 / 1959
Les Jérolas sont là / RCA-Victor / LCP-1029 / 1960/61
Les Jérolas au Théâtre National /RCA Victor / LCP-1040 / 1961/62
Les Jérolas toujours plus vite / RCA Victor série Gala / CGP-116 / 1962
Les Jérolas à la Porte St-Jean / Gala RCA Victor / CGPS-267 / 1964
Les Jérolas / RCA Victor Série Gala / CGP-207
Les Jérolas à l’Olympia / RCA-Victor Canada International / PC 1126 /1966
Les Jérolas Es-tu content / RCA Victor / PCS-1165 / 1968
Le tribunal des vedettes / RCA--Victor / PCS-1201 / 1968
“Quinze ans dèjà” Les Jérolas / Élan / SJL 12501 / 1971
Les grands Succès des Jérolas / RCA Victor Gala / CGPS-393 / 1972
Ca va barber / Élan / SJL 1502 / 1973 ( Spécial Place des Arts )
Les Jérolas / Prom-Tel / PTL-6506 / 1978
Sources:
1956 Le Petit Journal, 11 mars, P .88, Roland Coté
1956 Le Droit, 30 novembre, P. 9
1957 Radiomonde et Télémonde, 30 mars, P. 6, Jac Duval
1959 Radiomonde et Télémonde, 26 septembre, P. 17, André Ruffiange
1961 La Patrie du dimanche, 24 décembre, P. 28, Pierre Luc
1983 La Tribune, 2 avril, P. B1, Pierrette Roy
1994 Le Soleil, 9 novembre P. B5 (PC)
RCA Victor series Gala CGP-207
RCA Victor LCP-1019 1959
RCA-Victor LCP-1029 1960
RCA- Victor série Gala CGP-116 1962
RCA Victor LCP-1040 1961
Gala RCA Victor CGPS-267 1964
RCA-Victor Canada Internationnal PC_1126 1966
RCA-Victor PCS-1165 1968
RCA--Victor PCS-1201 1968
Élan SJL 12501 1971
Élan SJL 12501 1973
Élan SJL 12502 1973
Kebec-Disc KD-930 1977
Prom-Tel PTL-6506 1978
Les Disques couleurs CO-101 1982
Les Disques couleurs CO-102 1984
Select S-398.230 1975
RCA Victor 56-5438 78 tours
RCA Victor 56-5425 78 tours
Select S-398.230 1975