Roméo Pérusse (1927-1992)

Humoriste et acteur québécois, Roméo Pérusse est né le 24 mars 1927 à Trois-Rivières.  Dès son enfance,

Roméo chante auprès de sa mère qui donne des récitals de piano pour les bonnes œuvres.

Après six ans de cours classique au Séminaire de Trois-Rivières, il décide qu’il en a assez et qu’il veut gagner

sa vie dans le spectacle et ce, à Montréal.  Il réussit à se trouver du boulot les fins de semaine seulement et à

1.00$ par soir.

Roméo Pérusse a fait sa marque comme fantaisiste dans les cabarets montréalais les plus fréquentés à partir du début des années 1950.  Son humour axé sur un rythme rapide et des blagues osées a fait de lui une grande vedette au Québec.  Roméo est accusé, faussement, par L’AGVA (American Guild of Variety Artists) d’entretenir des relations avec la Guilde Canadienne des Artistes de Variétés et ainsi de nuire aux agissements de l’américain Guild.  Après avoir prouvé son innocence, qui n’a jamais fait de doute, il renvoie la cause contre ses accusateurs.  Il intente une action en dommages de 100 000$. 

Pour la petite histoire, l'AGVA (American Guild of Variety Artists) est l’organisme qui contrôle le domaine des variétés, au Canada. et ce depuis 1939, année de sa fondation.  C’est un regroupement purement américain n’ayant pas d’existence légale au Canada.   Au début des années 1950 l’Association Canadienne des Artistes de Variété (ACAV) fait son apparition et les artistes ont maintenant le choix de se faire représenter par l’une ou l’autre des associations.  La guerre est déclarée car les artistes qui font partie de l’AGVA, par exemple, ne peuvent travailler avec des artistes membres de l’ACAV et vice-versa.  Par la suite, après plusieurs tentatives, l’Union des Artistes (UDA) est créée. 

À force de travail et de persévérance, il réussit à se faire engager comme chanteur dans les cabarets les plus fréquentés de Montréal, des années 1950, Le Mocambo, Le Montmartre et La Casa Loma.

En 1959, l’Office National du Film tourne un documentaire Adultes avec réserve...[Boulevard Saint-Laurent], ses cabarets, ses robineux et c’est Roméo Pérusse qui en est le guide.

Au début des années 1960, avec l'arrivée des chanteurs de charmes, il délaisse la chanson et, à son répertoire, il ajoute de plus en plus de répliques et histoires salées.

Au début des années 1960, Roméo Pérusse semble devenir le chou-chou.  Lors d’un voyage à New-York, il visite de nouveaux studios de télé en compagnie de producteurs. Ces derniers lui demandent de leur donner une idée du numéro qu’il présente aux Montréalais.  Quelques jours plus tard, après avoir fait quelques retouches à ses blagues, on lui offre un contrat pour l’enregistrement d’un disque en anglais.  C’est ainsi qu’au mois de décembre, les stations de radio américaines présentent sur leurs ondes la voix la voix de Roméo Pérusse.  Par la suite, on l'invite à quelques émissions de télé.

Très politisé, Il s’implique beaucoup dans sa communauté. Il participe en 1969, aux manifestations de Saint-Léonard en faveur de l’école française alors que la communauté italienne revendique des écoles anglophones sur demande. 

Suite à la célébration de la fête de la Saint-Jean-Baptiste de 1971 où, disons-le franchement, l’alcool coule à flot.  Notre ami Roméo Pérusse est accusé d’avoir conduit son véhicule en état d’ébriété.  Cela lui vaut une amende de 75$.  Mais bon joueur, il se console en pensant que si on ne l’avait pas arrêté, il aurait peut-être été du nombre des victimes de la matraque de l’escouade antiterroriste.

On peut dire de Roméo Pérusse qu’il est un bon homme d'affaires.  Au cours des années, il a su faire fructifier son argent, si bien que l’avenir, pour lui, ne pose aucun problème.  Nous sommes en 1972 et il songe sérieusement à prendre sa retraite dans un an ou deux.  De toute évidence, il semble bien qu’il a changé d’idée.

Roméo est un mordu de boxe, tellement qu’en 1973, avec le bras droit de Régis Lévesque,   George Cherry, il tente d’acheter le contrat du boxeur Guerra Chavez.  Malheureusement pour Pérusse et Cherry, l’affaire tombe à l’eau.

Pérusse fait finalement sa rentrée au petit écran au début de l’année 1978, dans le cadre de la série policière Paul Morin Sergent.  Il y joue le rôle du chauffeur d’un membre de la mafia.  C’est lui qui fera le sale boulot que ne veut pas faire le caïd, c’est lui qui fait la job de bras.  Un rôle qui plaît énormément à Roméo.

Au mois de juin 1980, l’humoriste reçoit le trophée du Comédien de cabaret au Canada.  Avec ce prix, Roméo Pérusse se voit octroyé une bourse en argent.  La cérémonie  a lieu au Toronto Center à Toronto.

À la télévision, on l'a vu dans plusieurs émissions de variétés aux côtés de Léo Rivest, Juliette Petrie, Claude Blanchard, Gilles Latulippe et bien d'autres humoristes.  Au cours des cinq dernières années de sa vie, il a travaillé comme recherchiste à l'émission Les Démons du midi à Radio-Canada.

Au cinéma, il apparaît  dans quelques films.  En 1972 La pomme, la queue et les pépins du réalisateur Claude Fournier,  Il y joue le mari de Juliette Huot.  En 1982, Le Confort et l’indifférence, c'est un documentaire sur le Québec mais aussi un éditorial cinématographique à l’occasion du référendum de mai 1980 sur la souveraineté-association.  En 1992, il joue dans Requiem pour un beau sans-cœur, de Robert Morin, qui met en vedette Guildor Roy.


Roméo Pérusse est décédé le 15 avril 1992 à l'âge de 65 ans des suites d’un infarctus à son domicile.  Il s’est éteint avant que n’ait lieu l’hommage qu’on voulait lui rendre à Trois-Rivières.

Discographie partielle:

Roméo Pérusse présente ses meilleures…! / RUSTICANA / RMM-669 / 1965
Histoires épicées (Boyer, Pérusse, Stéphano) / Montagnard / 14004
Rire-o-thon / Les  Disques populaires / DP 14008
Souvenirs pornos (Boyer , Pérusse, Stéphano) / Mort de rire / MR 8812
Les Trois cloches ( Berval, Turcotte, Pérusse, Bertrand) / Trans-Canada / TF402

Sources:

1954 Le Canada, 8 juin,
1960 La Patrie du dimanche, 5 juin, P. 25, Pierre Luc
1961 Radiomonde 4 novembre, P. 6, Jean-Marc Provost
1971 Télé-Radiomonde ,10 juillet, P. 26
1972 Télé-Radiomonde,  30 septembre, P. 14
1973 La Patrie l'Hebdo des canadiens-français, 18 février, P. 50, François Downd
1977 Télé-Radiomonde, 25 décembre, P. 20
1980 Télé-Radiomonde, 6 juillet, P. 11
1992 Le Nouvelliste, 16 avril, P. 27, Roland Paillé