Tout va très bien madame l’électrice (1962)

Les Merles Rouges

En 1960, Paul Berval enregistre le 45 tours sur l’étiquette Lark, propriété de Denis Pantis, Tout va très bien madame l’électrice, sur la face A et sur la face B, on trouve la version anglophone, Everything’s well Madame l’électrice.  Ce 45 tours marque les débuts sur disques de Paul Berval.  La chanson est lancée sur plusieurs stations de radio partout à travers le Canada.  La chose a des répercussions jusqu’à la chambre des Communes.  Tellement qu’un député s'est levé pour demander au premier ministre s’il était au courant qu’un de ses collègues avait écrit une chanson.

Bien que la chanson “ne se range pas encore parmi les chansons les plus populaires", elle fait jaser.  Yvon Dupuis fait lui-même la promotion de sa chanson.  En compagnie de plusieurs députés et journalistes, il distribue le 45 tours partout autour du quadrilatère du parlement et le fait jouer à tue-tête.  On peut voir des têtes sortir des fenêtres pour entendre la chanson.

Toujours en 1960, a lieu le lancement du microsillon (33 tours) réalisé à l'occasion de la campagne électorale du parti libéral.  Ce disque, lancé sous l'étiquette Canada-Actualité, est une production de Yvon Dupuis.  L’album s'intitule Tout va très bien madame l'électrice, et ses interprètes ont été baptisés Les Merles Rouges.  Même s'il s'agit de propagande politique, c’est assez rigolo.  C'est un dessin de Normand Hudon représentant  John Diefenbaker qui illustre l’album.  C’est une satire politique et mordante, dont l’auteur est l’un des plus jeune député de la chambre, M. Yvon Dupuis, 33 ans.

Yvon Dupuis fait partie de la jeunesse libérale depuis déjà plusieurs années.  Il a la réputation d’être un animateur des loisirs dans les congrès.  Il possède un talent d’acteur en plus d’une très bonne voix (toujours utile en politique).  Un député a dit de lui qu’il était un artiste égaré en politique.  Il est député de St-Jean-d'Iberville-Napierville.  Yvon Dupuis est, tour à tour, homme politique, animateur radiophonique pour de nombreuses stations, président de Publivox, propriétaire d’une agence de voyages.

On a même droit à un éditorial sur l’album dans La Presse du 16 mai 1962:
“Le disque de propagande libérale intitulé: « Tout va très bien madame l’électrice » n’a rien de particulièrement remarquable.  L’esprit des chansons y est très quelconque et les présumées blagues sont répétées d’une chanson à l’autre.  Il est cependant une infamie qu’il ne faut pas laisser passer.  Dans la deuxième chanson sur l’air de Ah si mon moine voulait danser, on entend tout à coup l’incroyable accusation suivante: Les criminels il veut protéger, La peine de mort il va enlever”.

“Avis à ceux qui croyaient naïvement jusqu’ici que l’abolition de la peine de mort était une idée « libérale ».  Voilà que les libéraux reprochent à M. Diefenbaker de vouloir l’abolir, alors qu’il agit le plus prudemment du monde sur cette question, ayant même déclaré le vote libre sur la question au parlement.  Quant à la protection des criminels, les libéraux devraient rougir en songeant que depuis que M. Fulton est ministre de la justice, la conception du traitement des criminels a grandement évolué tant dans la réalité que dans l’opinion publique.” 

Et on finit ça avec la pensée du jour:
"Le plus sûr moyen de ruiner un pays est de donner le pouvoir aux démagogues"
Denys d’Halicarnasse Antiquités Romaines

Discographie partielle:

Tout va très bien Madame l’électrice (air connu) /

Canada Actualité /  LPQ-100 / 1962

Sources:

1960 Radiomonde, 18 juin, P. 14, Jac Duval
1960 Le Droit, 2 juillet, P. 16
1962 La Patrie, janvier, P. 19 Jacques Duval
1962 La Presse, 16 mai, P. 1 Cahier 2, La cinquième colonne