Marc Favreau (Sol) (1929-2005)
"Divertir pour divertir, je suis contre. Sol essaie de faire passer quelque chose" Marc Favreau
Né à Montréal le 9 novembre 1929, il a vu le jour en pleine noirceur à cinq heures du matin. au début du grand krach (il
jure toutefois n'y être pour rien). À l’école c’est un élève dissipé, sympathique mais dissipé. Certains jours, la maîtresse
devant la turbulence de Marc ne savait quoi penser. Était-ce ce qu’il avait mangé? Est-ce que le temps était à l’orage?
Ou bien la petite aux yeux noisettes près de lui? Il était sans cesse agité, il ne pensait qu’à faire rire les autres.
Marc Favreau est principalement connu pour son personnage de Sol, le clown clochard. Ses textes à la fois naïfs, poétiques et humoristiques ont fait le bonheur du public, aussi bien au Canada que dans la francophonie. Marc Favreau fait ses études à l'Académie Querbes d'Outremont et à l'Université Sir George William, aujourd'hui connue sous le nom de l'Université Concordia à Montréal. Son diplôme obtenu, il veut se diriger vers la réalisation de décors de théâtre.
En 1947, après quelques épuisantes années d'études considérées comme étant parfaitement secondaires, il tâte du dessin commercial, puis touche au décor de théâtre.
En 1950, il s'inscrit à l'École du Théâtre du Nouveau Monde et, deux ans plus tard, y remporte le premier prix de comédie. Il débute au théâtre en Pierrot dans Dom Juan de Molière, en 1954 au TNM, Les critiques sont unanime Le Pierrot de Marc Favreau est: "patoisant comme un Normand et bondissant comme un faune: un début tout à fait remarquable, qui montre que ce jeune homme est allé à la bonne école. » J’imagine que c’est une bonne critique. « Marc Favreau a surpris tout le monde par la subtilité de son jeu, son élocution à point comme on ne l’aurait cru, ses gestes qui semblaient si naturels."
Il obtient quelques contrats à la radio et à la télévision dont "Le Survenant"où il tient le rôle de Beau blanc, et "14, rue de Galais". Mimi D’Esté a propos de Marc Favreau :"Marc Favreau apporte une note piquante par son côté comique, par sa débordante jeunesse qui se manifeste (aux répétitions) en grimaces, en pirouettes, que l’auteur devrait pouvoir exploiter dans son intrigue. Marc Favreau est un fantaisiste qui s’’ignore encore, mais qu’on ne sera pas long à découvrir…"
Puis s'ajoute à cela Rue de la friponne, le télé-théâtre Il était une fois et Dans ma cour émission destiné aux adolescents ne pouvant passer les vacances à la campagne, qui fut suivi par Le Babillard, qui est une sorte de téléjournal pour les jeunes. Ce qui est intéressant avec cette émission, c'est qu'elle a un horaire variable. L’émission débute après le hockey du dimanche après-midi pour se prolonger jusqu’à 5h30, c'est-à dire jusqu’à Pépinot, où Marc tient, à l’occasion, quelques emplois. Donc, l’émission peut durer une demi-heure ou 45 minutes, ou même un quart d'heure, tout dépend de la longueur de la partie. À Science en pantoufles, Marc Favreau doit feindre la modestie. Son rôle est de poser des questions à l’animateur Fernand Séguin et parfois, dit-il, "je parais plus “cave” que je ne le suis en réalité."
En 1955, Marc Favreau et sa conjointe, Micheline Gérin quittent le Québec pour aller étudier deux ans à Paris pour parfaire leur formation théâtrale auprès de Jean Valcourt.
A son retour de Paris, en 1958, il crée le personnage de Sol dans le cadre de l'émission pour enfants La Boîte à surprises de Radio-Canada. Pour cette même émission, il fera partie de plusieurs duos de clowns: "Bim et Sol" avec Louis De Santis, Sol et Bouton avec Yvon Dufour et Sol et Biscuit avec Luc Durand. De 1963 à 1967, Marc Favreau incarne également le rôle de Berlingot dans Les Croquignoles. De 1968 à 1971, il reprend son rôle de Sol dans la série Sol et Gobelet encore au côté de Luc Durand. Série hebdomadaire qu'il coécrit et joue avec son complice Luc Durand. Présentée seulement de 1969 à 1972, cette émission pour enfants, où évolue le duo de clowns le plus absurde et extravagant qu'on puisse imaginer, marquera plus d'une génération. Sol, explique Marc Favreau: "c’est, selon la tradition du cirque et par opposition au clown blanc, un auguste: personnage minable, comme Charlot, pauvre type qui prend tout sur le dos, inculte (il se sait ni lire ni écrire), mal foutu, paumé, mais sympathique au public qui s'identifie à lui et projette sur lui ses soucis. Tandis que le clown blanc, lui. est intelligent, capable, doué: il est musicien ou poète; il est bien habillé; il invente des jeux, met l’autre en boîte, le pousse à bout."
Le plus populaire thriller de la télévision québécoise des années 1960, plus précisément de 1962 à 1964, a été sans contredit la série Les Enquêtes Jobidon, avec Marc Favreau et Yvon Dufour.
Au début de l’année 1971, La Nouvelle compagnie théâtrale présente une pièce écrite par Marc Favreau et mise en scène par Yvan Canuel: il s’agit du spectacle Commedia dell’Arte. Pièce qui tente de mettre en relief l’évolution des personnages de la Commedia Dell’Arte à travers les époques les plus marquantes de l’histoire du théâtre. La critique est mitigée, on reproche surtout "…n’a pas toujours l’emportement ni la rapidité qu’il faudrait et si elle connaît, certains moments non pas de ratés mais plutôt de légers ralentissements." Cette expérience aura été pour Yvan Canuel et Marc Favreau une aventure passionnante, et tous les deux en tirent une conclusion identique: à savoir que la prochaine fois, si prochaine fois il y a, il faudra y consacrer au moins un an de préparation.
En janvier 1972, René Simard présente un spectacle à la Place des Arts et c’est Sol et Gobelet qui feront les frais de la partie. Pour l’occasion des sketches inédits seront présentés. Les textes sont écrits par Marc Favreau et son inséparable Gobelet, Luc Durand.
L’année suivante, il joue avec La Nouvelle compagnie théâtrale, une pièce qui s’intitule Auguste, Auguste, Auguste (nom, prénom, emploi). Ça se passe dans un cirque dont un Auguste (M. Auguste) veut devenir directeur; il n’y arrivera jamais. C’est au début de cette même année de 1973, que Marc Favreau prend la décision d’exploiter un nouvel aspect de Sol: un clown adulte pour anciens enfants, il sent qu’il a des choses à leur dire.
Les jeunes qui le regardaient au début ont maintenant vingt-cinq ans ou plus. Le 29 janvier 1973, c’est la première du premier spectacle solo de Sol au Patriote. La critique est unanime "Sol, Nouveau(et génial) magicien des mots", "Il s’est passé, hier soir au Patriote, un événement dont on parlera longtemps : Sol, clown que la télévision rendit célèbre, donnait le premier d’une série de spectacles destinés aux grandes personnes. Et les grandes personnes qui remplissaient à craquer la salle de la rue Ste-Catherine ont clairement démontré à Sol que son personnage possédait les qualités qui font les énormes vedettes."
Il reprend le personnage sur différentes scènes à travers le Canada, la France, la Belgique et d'autres pays de la francophonie. Il réalise quelques albums, dont Je mégalomane à moi-même, en 1977. D’ailleurs, c’est le 20 juillet 1977 qu’il connut le plus grand trac de sa vie. Il est invité au Festival d’Avignon. Ce soir-là, il connut également son plus grand bonheur quand il sentit la salle accrochée, attentive, suspendue à ses lèvres. Les critiques, encore une fois, sont dithyrambiques
L’année suivante, il présente son spectacle Rien détonnant avec Sol à Paris au Théâtre de la Ville pendant deux semaines. Les trois premiers jours, la salle n’est remplie qu'au trois quart, majorité de québécois vivant à Paris. À partir du quatrième jour, la salle est remplie d’un public typiquement parisien.
En 1994-1995 il réussit un tour de force, il promène simultanément deux spectacles en tournée. Faut d'la fuite dans les idées au Québec, et, en Europe, Je persifle et je singe, spectacle qu’il a ramené au Québec à l’automne de 1996.
Marc Favreau décède du cancer à l'âge de 76 ans à l'hôpital Notre-Dame à Montréal le 17 décembre 2005.
Une bibliothèque portant son nom, est aménagée sur le site des anciens ateliers municipaux au 700 rue Rosemont à Montréal en 2012. Il a été membre de l'ordre des francophones d'Amérique. Une école dans le quartier Notre-Dame- De-Grâce portera aussi son nom.
Marc Favreau a reçu plusieurs récompenses au cours de sa carrière. 1989, Le Conseil de la langue française lui décerne la médaille de l'Ordre des francophones d’Amérique.
Il est fait chevalier de l'Ordre national du Québec en 1995, chevalier de l'Ordre de la Pléiade en 1997, puis officier de l'Ordre du Canada en 2003, il reçut le Mérite du français dans la culture décerné par l'Union des artistes en 1997, le prix Georges-Émile-Lapalme du gouvernement du Québec en 1999, le Prix de la Francophonie de la Société des auteurs dramatiques de Paris en 2000, et le Mérite d'honneur du français en éducation, du Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec.
Sol "prend les mots pour d'autres", les mélange et les malaxe pour le plus grand délice de son public, et pour mieux lui dépeindre à quel point il (lui, le public) est en train de mettre le monde tout à l'envers. Il n'a accepté d'endosser qu'une seule cause durant les quelque quarante-sept années de bonheur qu'il a offerte aux francophones de tous âges : la préservation de l'eau. « Nous avons envers elle une conduite imbuvable!»
Liste sommaire des artistes avec qui il a travaillé dans des émissions et films, qui sont nommés sur ce site:
Béliveau, Juliette: (1959-1963) "Le grand duc".
Berval, Paul: (1965-1970) tétléroman "Cré Basile"..
Daigneault, Pierre: (1954-1957)"Le Survenant" (série télévisée) ; (1959-1962)"Ouragan"
Deschamps, Yvon: (1959-1963) "Le grand duc" ; (1959-1962)"Ouragan" ;(1961-1962) "Le mors aux dents"
(1967-1968) "D'Iberville".
Desmarteaux, Paul:(1965-1970) tétléroman "Cré Basile" ; (1970-1977) "Symphorien".
Desrochers, Clémence: (1968 la revue "La grosse tête" ; (1960-1962)téléroman "La Côte de sable".
Desrosiers, Jacques: (1972) le film "Les Indrogables" ; (1992-1995) "Scoop".
Duceppe, Jean: (1972-1975) télé série "Les Forges de Saint-Maurice" ; (1967-1968) "D'Iberville".
Filiatrault Denise: (1972) le film "Les Indrogables" ; (1990) le film "La Fille du maquignon".
Gamache, Marcel: (1965-1970) "Cré Basile".
Guimond, Olivier: (1954-1960) "Le Survenant" ; (1965-1970) "Cré Basile"; (1965) "La courte Echelle".
Latulippe, Gilles: (1965-1970)"Cré Basile" ;(1970-1977) "Symphorien"
Légaré, Ovila: (1954) la pièce "Les hussards" ; (1954 ) série télé "Le Survenant" ; (1957) "Le Survenant" le film; (1954-1957) téléroman
"14, rue de Galais"; (1965-1970) tétléroman "Cré Basile" ; 1975 Bye Bye ; (1969-1974) "Quelle famille!".
Moreau, Jean-Guy: (1992-1995) "Scoop".
Noël, Michel: tétléroman (1965-1970)"Cré Basile"; (1959-1962)"Ouragan" ; (1969-1974) "Quelle famille!" ; (1970-1977) "Symphorien"
Pellerin, Gilles: (1965-1970) tétléroman "Cré Basile" ; (1961-1962) "Le mors aux dents" ; (1969-1974) "Quelle famille!" ;
(1970-1977) "Symphorien".
Rivest, Léo: (1970-1977) "Symphorien".
Réal Béland: (1969-1974) "Quelle famille!" ; (1970-1977) "Symphorien".
Discographie partielle:
Enfin Sol / Barclay / 80160 / 1973
Sol interditaux adultes / Fantel / FA 49401 / 1974
Sol rien détonnant…/ Kébec disk / KDL-962 / 1978
Je mégalomane avec moi-même / Les éditions Universol / SOL 933-934 / 1977
L’univers est dans la pomme / Les production Universol / PU1001 / 1986
Sources:
1954 L'autorité, 23 janvier, P. 7, Wilfrid Lemoine
1954 Le Petit Journal, 24 janvier, P. 74, Jean Hamelin
1954 Radiomonde et Télémonde, 24 avril , P. 12, Mimi D’esté
1954 Photo-Journal - tout par l'image, 27 novembre, P. 36, Michel Servant
1971 Le Devoir, 8 janvier, P. 10, Michel Bélair
1971 La Presse 16/18 janvier, P. C8, Martial Dassylva
1972 Télé-Radiomonde, 8 janvier, P. 7
1973 Le Devoir, 26 janvier, P .13, Gisèle Tremblay
1973 Québec-Presse, 28 janvier, P. 23, Robert Lévesque
1973 La Presse, 30 janvier, P. 13, René Homier-Roy
L’homme au déficient Manteau de Georges Hébert Germain Libre Expression 2007
www.thecanadianencyclopedia.ca
Ordre National du Québec
Les Productions Universol 1986
Barclay 80160 1973
Sol et Gobelet avec Marc Favreau et Luc Durand
Kébec disc KDL-962 1978
Fantel FA 49401 1974